vendredi 30 octobre 2020

I. Introduction



Présentation 

Dans ce coin, nous allons traiter de critiques à caractère rationnel et réfutables concernant l'islam, le Coran, les usages musulmans, ou encore le prophète Muhammad.


L'objectif de ces réfutations est de soutenir que les préjugés et les différences culturelles siègent à la source de ces erreurs d'appréciations, afin de relativiser le point de vue non musulman de l'islamité.










II. De l'Âge d'Aïcha au moment de son mariage

A. Introduction,

Un des points sensibles soulevant beaucoup de colère et d'indignation touchant la moralité du Prophète Muhammad, est son mariage avec Aïcha étant très jeune, lui-même ayant alors la cinquantaine. 

Ce sujet est en réalité à la fois inexact, sur le plan historique, relève d'une perception anachronique, et souffre d'un biais socio-culturel. Mais aussi et surtout, ce thème indigne de par l'usage d'une telle conviction dans certaines communautés afin de légaliser des mariges d'enfants à un âge très précoce. 

Nous allons donc traiter de ce sujet en différentes phases.

Voici le récit soulevant la polémique ; on rapporte selon Aïcha : "J'avais six ans lorsque le Prophète m'épousa, neuf ans lors de nos noces."


B. La fiabilité historique de cette information,

Cette information est retenue par la tradition musulmane, d'après l'affirmation de Aïcha elle-même. Or, cette information souffre de biais et d'inconsistance historico-critique.

Avant de nous arrêter sur le degré de fiabilité de cette croyance, soulignons que l'erreur chronologique qui ressort après une analyse systématique des récits, n'a pas été remise en question jusqu'à une époque récente, simplement du fait que cela était conforme aux usages jusque relativement récemment, un peu partout dans le monde.



Ci-desus une carte montrant l'âge matrimonial des filles à travers le Monde, suivant un code de couleurs. Nous constaterons que certaines régions en Amérique et en Afrique méridional n'ont pas de limite d'âge légal.


Encore à ce jour, dans certains pays, le mariage d'une jeune fille est légal à un très jeune âge, cf voir carte supra.

Plusieurs points font que cependant le récit de Aïcha est une erreur, venant d'elle, ou bien de Hicham ibn Urwah.


B-1. Sur le plan strictement religieux, et juridique, il faut souligner que cette affirmation émanerait non pas du Prophète, mais de Aïcha. Si sur le plan religieux, une affirmation venant du Prophète fait office de règle, l'affirmation d'une autre autorité n'a pas ce poids. En occurrence, ce récit peut être remis en question sur le plan théologique.

B-2. Il est question d'une présumée affirmation de Aïcha, or, il faut rappeler qu'il n'y avait pas dans le Hijaz, à l'époque concernée de registres de naissances pouvant permettre de vérifier cette croyance. En outre, il n'y avait pas de calendrier avec une date de référence fixe. En sorte que les événements étaient datés en regards les uns des autres. Ainsi, même l'année de naissance du Prophète est évoquée comme "année de l'éléphant", en souvenir de l'attaque d'une troupe Abyssine par des oiseaux en cette année.

B-3. Lorsque nous appliquons des recoupements entre le récit du mariage de Aïcha, avec d'autres dates, une inconsistance mathématique ressort qui montre que ce récit est douteux sur le plan chronologique.

B-4. Ibn Sa'd al-Baghdadi, citant Hicham ibn Urwah, soutient qu’elle aurait 9 ans au mariage et 12 ans lors de la consommation[2]. {>12} 

B-5. Tabari rapporte ainsi, que tous les enfants d'abu Bakr, avec la mention de Aïcha, étaient nés avant la mission prophétique de Muhammad[1]. Or, lors de son mariage avec Aïcha en l'an 2 de l'hégire, le Prophète était à la quatorzième année de sa carrière de messager. Selon ce récit Aïcha devrait au moins être âgée de 14 ans au moment de ses noces. {>14}

B-6. D'après al Bukhari, dans son fammeux al Jāmi', Kitabu'l-tafsīr, il est rapporté que Aïcha aurait dit à propos de l’époque où la sourate al-Qamar a été révélée (54 ème sourate du Coran) : "J’étais à ce moment une jeune fille". La sourate al qamar a été révélée entre quatre à neuf ans avant l’Hégire. Selon cette tradition, Aïcha serait née avant la révélation de cette sourate, et elle serait bien une jeune fille (jāriyah) et non une enfant (sibyah) au minimum six ans avant son mariage avec le Prophète. Ce qui ne permet pas de faire une estimation pertinente.

B-7. Ibn Hicham rapporte qu'Aïcha avait d'autres parts été déjà demandée en mariage au moins trois ans avant ses noces avec Muhammad. Mais que sa main n'avait pas été accordée du fait que le candidat, un certain Jubaïr ibn Mut'i ibn Adiyy était un polythéiste.

B-8. D'après ibn Kathîr, Asmâ était âgée de dix ans de plus que Aïcha. Or, Asmâ est retenue comme étant née en l'an 595. Ce qui reconduit pour Aïcha, sa date de naissance en 605. Dans ce cas de figure, Aïcha devrait avoir 19 ans en 624, lors de son mariage. {>19}

B-9. Il ressort que lors de ses noces avec Muhammad, Aïcha était beaucoup plus jeûne que le Messager, mais que son âge exact est impossible à établir du fait du manque d'éléments pour statuer. Et que par ailleurs, à cette époque elle devait être considérée comme mariable, des années avant sa mise en ménage avec le Messager, en sorte qu'on l'ait demandée en mariage  déjà auparavent.
 
B-10. Le point B-5 est fiable, mais ne dit pas quel âge avait Aïcha au moment où le Prophète commençait son apostolat, mais met une limite après 14 ans lors de ses noces. Le point B-4 confirme qu'Urwah souffrait de trouble de la mémoire car il se contredit. Le point B-7 ne permet aucune estimation. Le point B-9 semble repousser son âge vers 19, mais la date de naissance d'Asmaa aussi est une estimation, on se situe donc vraisemblablement entre 14 et 19 ans. 


C. La moralité du Prophète : 

Un des points de questionnement à ce sujet est la question de la moralité du Prophète Muhammad. En tant qu'être responsable de toute une communauté de fidèles et guide divin, comment concilier sa vocation et ce mariage avec une jeune femme beaucoup plus jeune que lui ?

Cette approche souffre en fait d'un biais logique, et d'une confusion de registres. Il est à noter que le jeune âge du mariage n'est pas une spécificité de l'islam, ou des Arabes, ou du Moyen-âge. L'âge de la nuptialité dépend de nombreux facteurs.


C-1. Le taux de mortalité a un impact socio-anthropologique évident sur l'âge de la nuptialité. Lorsque la durée de vie s'amenuise, il devient pressant de se marier et avoir une descendance avant de mourir. Or, nous constatons que d'entre dix enfants de Muhammad, seulement Fâtimah lui survécut. Et elle décèda six mois après son père à l'âge de 17 ans. Selon l'aisance et les prédispositions génétiques, l'espérance de vie varie. Mais les conditions précaires préislamiques semblent justifier une nuptialité précoce dans la région pour cette époque.

C-2. Le niveau d'éducation a également un impact considérable dans ce domaine. Lorsqu'il s'agit d'une société précaire, avec un niveau culturel faible, la différence des compétences sociales, intellectuelles et personnelles entre une jeune femme et une femme plus mûre tourne à l'avantage de la plus jeune. Plus dynamique, plus fertile, plus apte à s'adapter. Or, dans une société culturellement plus élaborée, la différence tourne à l'avantage de la plus mature. Mieux préparée à la vie en société, à ses fonctionnements complexes. Ainsi, selon l'environnement culturel, la perception de la capacité de mariage d'une jeune femme varie.

C-3. Quant à la question d'un penchant pédophile chez le Prophète, cela est contraire aux critères psychiatriques constatés cliniquement. En effet, un pédophile a un penchant pour les enfants presque exclusivement, ne parvient généralement pas à s'adapter à une personne plus mature, ou a des attraits sexuels envers des enfants d'un âge inférieur à celui admis dans la société dans laquelle il vit. Or, le Prophète Muhammad a contracté plus de dix mariages, les autres épouses étaient toutes matures, certaines âgées et l'une d'elles déjà ménopausée. Or l'âge de Aïcha lors de leur mariage officiel et public correspondait avec les usages de son milieu.


D. La question des menstrues et le Coran :


وَاللَّائِي يَئِسْنَ مِنَ الْمَحِيضِ مِنْ نِسَائِكُمْ إِنِ ارْتَبْتُمْ فَعِدَّتُهُنَّ ثَلَاثَةُ أَشْهُرٍ وَاللَّائِي لَمْ يَحِضْنَ ۚ وَأُولَاتُ الْأَحْمَالِ أَجَلُهُنَّ أَنْ يَضَعْنَ حَمْلَهُنَّ ۚ وَمَنْ يَتَّقِ اللَّهَ يَجْعَلْ لَهُ مِنْ أَمْرِهِ يُسْرًا

"Si vous avez des doutes à propos (de la période d'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. De même pour celles qui n'ont pas de règles. Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses." (Coran 65:4)


Ce passage du Coran est présenté comme permettant un mariage avec des enfants prépubères. Or, ce verset fait mention de femmes (مِنْ نِسَائِكُمْ), et mentionne trois cas de divorces. La femme ménopausée, celle qui n'a pas de règles et la femme enceinte. Or, c'est le mot nissā qui est employé. Ce mot n'est jamais employé en langue arabe pour une fillette. Il est bien question de femmes qui sont en capacité de se marier, mais qui n'ont pas de menstrues, en médecine nous parlons d'aménorrhée. 


E. Aïcha, la balançoire et les poupées :

Un argument parfois avancé pour soutenir qu'Aïcha devrait avoir un très jeune âge lors de ses noces est un hadith évoquant qu'elle jouait à une balançoire et avec une poupée avec des amies.

Aïcha rapporte : "J'avais l'habitude de jouer avec les poupées en présence du prophète, avec des amies venant jouer avec moi. Quand l'Apôtre entrait elles avaient l'habitude de se cacher, mais le Prophète les rappelait pour qu'elles se joignent à  moi pour jouer." [3]



Jouer avec une poupée ne constitue pas un critère objectif quant à l'âge de Aïcha.


Ce hadith ne précise pas où ni à quelle époque cela se produisait. En effet, le père de Aïcha était un ami très proche du Prophète déjà avant l'islam. Les visites entre amis pouvant être le cadre de ce récit. Par là, Aïcha voulait expliquer qu'il n'y a aucun mal à ce que des enfants jouent avec des figurines. 

Par ailleurs, le fait de monter à une balançoire ne permet pas de fixer un âge. Jouer avec une poupée permet de penser qu'elle était fort jeune, mais pas au point de se fixer sur son âge. Certaines personnes continuent de jouer à la poupée jusqu'à un âge relativement avancé. Surtout chez certaines personnes faisant jouer des amis plus jeunes. Or, le hadith ne mentionne pas l'âge des amies de Aïcha venant chez elle afin de jouer.


F. Conclusions :

Ce sujet s'avère donc être un exemple de points de méprise envers l'islam, son Messager et le sujet de l'âge légal et éthique du mariage. L'âge de Aïcha s'avère impossible à connaître de façon fiable et pertinente, sa demande en mariage avant la demande venant du Prophète montre qu'elle était dans cette société et à cette époque considérée comme mariable. Les autres mariages contractés par le Messager avec des femmes plus âgées, dont une plus âgée que lui (Khadija) et une autre ménopausée (Sawda) infirme encore les spéculations sur un penchant pédophile chez l'homme.













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[1] (ar)Al-Tabari, Tarikhu'l-umam wa'l-mamlu'k, Vol. 4, p. 50, éditions Dara'l-fikr, Beirut, 1979 ; "Dans la période préislamique, Abu Baqr épousa deux femmes. La première était Fatilah fille d'abdal Uwwah, qui donna naissance à Abdallah et Asmaa. Alors il épousa Umm Rummân, qui donna naissance à Abdar-Rahman et Aicha. Tous sont nés avant l'islam."

[2] Ibn Saʿd (d. 230/845) al-Ṭabaqāt, 8:61.

[3] Muslim, al Jāmi'us Sahīh.







mercredi 28 octobre 2020

III. De la Violence

A. Introduction,

Une autre idée qui a fait son chemin, est que le Coran, le Prophète Muhammad, ou l'islam en général seraient belliqueux, violents et barbares. Cela est entériné par les groupements terroristes se revendiquant de l'islam. Qu'en est-il ?


B. Approche générale :

Avant d'entrer dans une analyse avancée de ces idées, faisons d'abord une petite mise au point.

Comment quantifions-nous le degré de violence d'une religion ? La fondons-nous sur l'étude de ses textes fondateurs ? Dans ce cas tenons-nous compte de l'avis de ses érudits et autorités théologiques, ou amandons-nous plutôt certains de ses adeptes au détriment de ces savants ? Ou alors, fondons-nous notre opinion suivant une lecture personnelle de certains de ces textes ? 



Abdül Hamid, sous-marin portant des torpilles (1886).


Ou bien, assumons-nous plutôt d'observer des méfaits réalisés par des tenants de cette religion, que des débats rhétoriques ? Dans ce cas, quelle partie de ses fidèles tenons-nous pour référence ? Les plus pacifiques, les plus violents, ou mesurons-nous la situation sur base statistique ?

En fait, selon l'approche, nous aurons une perception radicalement différente de l'état de faits. Donc, avant de continuer, réfléchissons sur nous-mêmes et notre approche et notre degré de démarcation et neutralité.


C. Les textes : 

Commençons par l'écrit, car l'écrit est plus facile à identifier, cerner et décortiquer de façon vérifiable.

Nous allons subdiviser cette partie en deux sous-parties, à savoir le Coran, et la tradition.


C.1. Le Coran : 

Citons les versets cités comme inspirant à la violence, la haine. Et développons point par point l'analyse de ces passages.


C-a. Les batailles :

Voir également notre lecture thématique du Coran et notre article traitant du sujet de la notion de guerre en primo-islam.

Nous allons dans cette fin suivre une méthode simple et vérifiable par chacun, en contextualisant les passages épinglés. Nous montrerons le contexte de ces passages à travers les ouvrages d'histoire et d'exégèse médiévaux.


C-a.1. "Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne suivent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent l'impôt de la capitation et qu'ils se soumettent et capitulent." (Coran, 9:29) 

Ce verset est dans ce sens probablement le plus critique, car il est soutenu que ce seul et unique verset abrogerait 122 versets encourageant à la paix [1].


□ En réalité, c'est une lecture injustifiée du Coran. Puisque ce passage a un contexte précis dans le Coran, dans la Sourate 9, et selon les historiens et chroniqueurs.

□ Situation dans la sourate de cet extrait :


"Une immunité de la part d’Allah et de Son Apôtre pour ceux des idolâtres avec lesquels vous avez fait alliance ! Voyagez dans le pays pendant quatre mois, mais sachez que vous ne l’emporterez pas sur Allah et qu’Allah couvrira de honte les infidèlesProclamation d’Allah et de Son Apôtre aux hommes pour le jour du grand pèlerinage : « Allah est pur d’idolâtres et Son Apôtre (aussi). » Si vous vous repentez, cela sera meilleur pour vous. Mais si vous tournez le dos sachez que vous ne l’emporterez pas sur Allah. Annonce à ceux qui ne croient pas le châtiment douloureux ! Mais fais exception pour ceux des idolâtres avec lesquels vous avez conclu une alliance, et qui, depuis, n’y ont en rien manqué et n’ont prêté assistance à personne contre vous. Soyez fidèles, pour eux, à votre alliance aussi longtemps qu’elle doit durer. En vérité, Allah aime ceux qui (Le) craignent. Lorsque les mois sacrés seront passés, combattez les idolâtres partout où vous les rencontrerez. Saisissez-les, assiégez-les, mettez-vous en embuscade pour les capturer. Dès lors, s’ils se réforment, s’ils sont fermes dans la prière s’ils donnent l’aumône, laissez-les librement. En vérité, Allah pardonne ; Il est compatissant. Si l’un des idolâtres cherche un asile auprès de toi, accorde-le-lui pour qu’il entende la parole d’Allah. Puis fais-le parvenir dans le lieu sûr qui est le sien. C’est ce que tu dois faire, parce que ce sont des gens qui ne savent pas. Comment pourrait-il y avoir, pour les idolâtres, un traité avec Allah et avec Son Apôtre, excepté pour ceux avec qui vous avez fait alliance auprès de la Mosquée Sainte ? Tant qu’ils sont droits avec vous, soyez droits envers eux ! En vérité, Allah aime ceux qui (Le) craignent. Eh quoi ! S’ils l’emportent sur vous, ils n’observeront ni les liens du sang ni ceux de l’état de client. Ils chercheront à vous plaire avec leurs bouches, mais leur cœur se refusera ; et la plupart d’entre eux font des œuvres abominables. Ils vendent les signes d’Allah à vil prix, et ils détournent de Sa voie. En vérité, c’est le mal qu’ils ont fait. Ils n’auront aucun égard, chez le croyant, aux liens du sang, ni à ceux de l’état de client. Ceux-là sont les transgresseurs. S’ils se repentent et sont fermes dans la prière et donnent l’aumône, ils sont vos frères en religion. Nous exposons en détail les versets aux gens savants. (Mais) s’ils violent leurs serments, après avoir traité avec vous, et s’ils attaquent votre religion, (alors) combattez les chefs des infidèles. En vérité, il n’y a pas de serments pour eux. (Mais) peut-être cesseront-ils ? Est-ce que vous ne combattrez pas un peuple qui a violé ses serments et qui a cherché à chasser l’Apôtre ? Ce sont eux qui ont commencé avec vous, en premier. Est-ce que vous avez peur d’eux ? Allah mérite bien davantage que vous Le craigniez, si vous êtes des croyants. Combattez-les ! Allah les châtiera par vos mains et les déshonorera ; Il vous aidera contre eux et guérira les cœurs du peuple des croyants. Il chassera la colère de leurs cœurs. Allah revient à celui qu’Il veut. Allah sait ; Il est sage. (...) Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne suivent pas la religion de la vérité, PARMI ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent l'impôt de la capitation et qu'ils se soumettent et capitulent." ( Coran 9:1-15, ..., 29)



□ Le verset 29 concerne les Ghassanides, une tribu arabe christianisée levant une armée contre les musulmans, consécutivement à leur victoire sur la Mecque qui a été suivie d'une conversion massive de tribus arabes [2].

□ La sourate commence en faisant allusion aux mecquois qui ont chassé les fidèles de leurs demeures, qui n'ont aucun égard aux liens de parenté, rompent leur pacte de non agression, et continue en mentionnant les alliés de ceux-ci. Notons que le passage fait la part entre ceux qui combattent parmi eux, ou non (cf v. 6 & 7). Il est commandé de rester droits envers ceux qui restent droits.

□ Sur le plan historique, il est question de l'affrontement final avec les mecquois et les tribus alliés ayant assiégé Yathrib.

□ Héraclius aurait assemblé une horde armée composée de byzantins et de Ghassanides afin de chercher à stopper cette expansion de l'islam [3], deux affrontements eurent alors lieu à Mu'tah et à Tabouk. Les ouvrages anciens rapportent que le Prophète aurait envoyé une lettre à un émir ghassanide, l'invitant à accepter son message, lequel aurait tué l'émissaire.
□ Soulignons que le passage mentionne non pas tous les gens du Livre, mais fait une exception en précisant "parmi" les gens du Livre. 

□ Il est de même notoire que les historiens rapportent qu'un couvre-feu fut imposé envers les polythéistes lors de la prise de la Mecque, et que seulement certains criminels de guerre ont été exécutés. Selon les chroniqueurs, les polytheistes ont été laissé libres chez-eux. Si donc ce passage visait l'anéantissement des infidèles, les polytheistes vaincus à la Mecque-même auraient été mis à mort  ou été expulsés ? Il ressort donc bien qu'il était question d'une réponse à une violence existante, et que la victoire servit à arrêter l'effusion de sang. 

□ La sourate (2:190) explique de riposter en cas d'agression, et interdit de transgresser, puis termine en soulignant que Allah n'aime pas les transgresseurs. Or, le verset (30:6) dit Qu'Allah ne faillira jamais à sa parole. Et le verset (4:82) stipule que le Coran ne contient pas de contradiction. Par conséquent, l'affirmation que le verset supra abrogerait les autres n'est pas recevable selon le Coran lui-même.

□ Comme ce passage est le dernier à mentionner la guerre, nous pourrions nous limiter à cette analyse. Mais citons les autres passages à connotation de guerre sur un champ de bataille.


C.a.2. "Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Mais, s'ils cessent Allah observe ce qu'ils œuvrent."  (Coran, 8:39) 

□ Révélé contre Quraïche et la Mecque « suite à leurs maltraitances envers les convertis musulmans qui ont dû s'exiler jusqu'en Abyssinie », d'après Tabari (839-923), selon Urwah ibn Zubayr (m.713). Comme en témoignent, en effet, les versets précédents et suivants, de même pour la citation infra (8:59-60). Les musulmans les plus faibles demeuraient à la Mecque dans des conditions très difficiles car ils refusaient de revenir aux croyances de leurs ancêtres, et n'avaient pas les moyens d'émigrer.



C.a.3. "Que les mécréants ne pensent pas qu'ils nous ont échappé. Non, ils ne pourront jamais nous empêcher.» ; «Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d'effrayer l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu'Allah connait. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d'Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés." (Coran, 8:59-60)


□ L'historien médiéval Tabari rapporte que le fait de se surarmer avait pour but de dissuader l'ennemi de s'attaquer aux musulmans. Les ennemis qui sont évoqués au verset 59 sont toujours les habitants de la Mecque qui ont poussé les musulmans à fuir en Abyssinie et vers Médine. À considérer avec les versets précédents, voir remarque plus haut, même sourate, même contexte. 

Hassan al Rammah (XIIIeS) sera ainsi le premier inventeur de l'histoire d'une fusée, il développera la poudre explosive festive trouvée en Chine afin d'en faire un moyen de propulsion à but militaire [4].


□ Situation dans la sourate de cet extrait :


"Ils t'interrogent au sujet du butin. Dis : "Le butin est à Allah et à Son messager." Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à Son messager, si vous êtes croyants. (...) "Vous désiriez vous emparer de celle qui était sans armes, alors qu'Allah voulait par Ses paroles faire triompher la vérité et anéantir ces mécréants jusqu'au dernier afin qu'Il fasse triompher la vérité et anéantir le faux, en dépit de la répulsion qu'en avaient les criminels. (Et rappelez-vous) le moment où vous imploriez le secours de votre Seigneur et qu'Il vous exauça aussitôt : "Je vais vous aider d'un millier d'Anges déferlant les uns à la suite des autres. Allah ne fit cela que pour (vous) apporter une bonne nouvelle et pour qu'avec cela vos coeurs se tranquillisent. Il n'y a de victoire que de la part d'Allah. Allah est Puissant est Sage. Et quand Il vous enveloppa de sommeil comme d'une sécurité de Sa part, et du ciel Il fit descendre de l'eau sur vous afin de vous en purifier, d'écarter de vous la souillure du Diable, de renforcer les coeurs et d'en raffermir les pas ! [vos pas]. Et ton Seigneur révéla aux Anges : "Je suis avec vous : affermissez donc les croyants. Je vais jeter l'effroi dans les coeurs des mécréants. Frappez donc au-dessus des cous et frappez-les sur tous les bouts des doigts. Ce, parce qu'ils ont désobéi à Allah et à Son messager." Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, Allah est certainement dur en punition ! Voilà (votre sort); goûtez-le donc ! Aux mécréants le châtiment du Feu (sera réservé). Ô vous qui croyez quand vous rencontrez (l'armée) des mécréants en marche, ne leur tournez point le dos. Quiconque, ce jour-là, leur tourne le dos, - à moins que ce soit par tactique de combat, ou pour rallier un autre groupe, (...) Allah réduit à rien la ruse des mécréants. Si vous avez imploré l'arbitrage d'Allah vous connaissez maintenant la sentence [d'Allah]. Et si vous cessez, c'est mieux pour vous. Mais si vous revenez, Nous reviendrons, et votre masse, même nombreuse, ne vous sera d'aucune utilité. Car Allah est vraiment avec les croyants. (...) (Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour t'emprisonner ou t'assassiner ou te bannir. Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes. (...) Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus de chaos, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent Allah observe bien ce qu'ils oeuvrent. Et s'ils tournent le dos, sachez alors qu'Allah est votre Maître. (...) Vous étiez sur le versant le plus proche, et eux (les ennemis) sur le versant le plus éloigné, tandis que la caravane était plus bas que vous. Si vous vous étiez donné rendez-vous, vous l'auriez manqué (effrayés par le nombre de l'ennemi). Mais il fallait qu'Allah accomplît un ordre qui devait être exécuté, pour que, sur preuve, pérît celui qui (devait) périr, et vécût, sur preuve, celui qui (devait) vivre. Et certes, Allah est Audient et Omniscient. En songe, Allah te les avait montrés peu nombreux ! Car s'Il te les avait montrés nombreux, vous auriez certainement fléchi, et vous vous seriez certainement disputés à propos de l'affaire. Mais Allah vous en a préservés. Il connaît le contenu des coeurs. Et aussi, au moment de la rencontre, Il vous les montrait peu nombreux à Vos yeux, de même qu'Il vous faisant paraître à leurs yeux peu nombreux afin qu'Allah parachève un ordre qui devait être exécuté. C'est a Allah que sont ramenées les choses. Ô vous qui croyez ! Lorsque vous rencontrez une troupe (ennemie), soyez fermes, et invoquez beaucoup Allah afin de réussir. Et obéissez à Allah et à Son messager; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants. Et ne soyez pas comme ceux qui sortirent de leurs demeures pour repousser la vérité et avec ostentation publique, obstruant le chemin d'Allah,  (...) Donc, si tu les maîtrises à la guerre, disperse avec leur entremise ceux qui les suivent. Afin qu'ils se rappellent. Et si jamais tu crains vraiment une trahison de la part d'un peuple, dénonce alors le pacte (que tu as conclu avec), d'une façon franche et loyale car Allah n'aime pas les traîtres. (...) Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin de dissuader l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu'Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d'Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés. Et s'ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c'est Lui l'Audient, l'Omniscient. (...) Ô Prophète, incite les croyants au combat. S'il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vaincront deux cents; et s'il s'en trouve cent, ils vaincront mille mécréants, car ce sont vraiment des gens qui ne comprennent pas. (...) Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d'avoir prévalu [mis les mécréants hors de combat] sur la terre. Vous voulez les biens d'ici-bas, tandis qu'Allah veut l'au-delà. Allah est Puissant et Sage. N'eût-été une prescription préalable d'Allah, un énorme châtiment vous aurait touché pour ce que vous avez pris. (...) Et Allah est Omniscient et Sage. Ceux qui ont cru, émigré et lutté de leurs biens et de leurs personnes dans le sentier d'Allah, ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et secours, ceux-là sont alliés les uns des autres. Quant à ceux qui ont cru et n'ont pas émigré, vous ne serez pas liés à eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent. Et s'ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours, mais pas contre un peuple auquel vous êtes liés par un pacte. Et Allah observe bien ce que vous oeuvrez . (...) Et ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d'Allah, ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et porté secours, ceux-là sont les vrais croyants : à eux, le pardon et une récompense généreuse." (Coran, 8:4, ..., 74) 

□ 'Combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus de chaos, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent Allah observe bien ce qu'ils oeuvrent."

Ce passage est soit circonstanciel, soit général. Or, nous allons montrer qu'il est circonstanciel, sur base du Coran.

(1) (Cor.4,82) : "Pourquoi n'analysent-ils point jusque dans sa racine le Coran ? S'il provenait d'auprès d'un autre que Dieu, assurément ils auraient trouvé en lui des contradictions en quantité."

(2) (Cor. 2,85) : "Croyez-vous en une partie de l’Écriture et rejetez-vous en une partie ?"

(3) (Cor. 2,256) : " Point de contrainte à la religion, la droiture s'étant nettement distinguée de l'égarement."

(4) (Cor. 2,190) :  "Combattez dans le sentier d'Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes Allah n'aime pas les transgresseurs !", (Cor. 2:193) : "S'ils cessent, donc plus d'hostilités, sauf contre les criminels [de guerre].", "Et s'ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi)", (Cor. 4,90) : "[Combattez-les] excepté ceux qui se joignent à un groupe avec lequel vous avez conclu une alliance, ou ceux qui viennent chez vous, le coeur serré d'avoir à vous combattre ou à combattre leur propre tribu. (...) S'ils restent neutres à votre égard et ne vous combattent point, et qu'ils vous offrent la paix, alors, Allah ne vous donne pas de voie contre eux." (22,39) "Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) - parce que vraiment ils sont lésés;", (Cor. 5,64) : "Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre.", ou (Cor. 9,7) : "Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux." [note19]


C.a.4. "Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allah voulait, il se vengerait lui-même contre eux, mais c'est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d'Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions." (Coran, 47:4) 
□ Tabari rapporte d'après Qatada ibn al-Nu'man (m.742/749) que ce verset aura été révélé au Prophète lors de la Bataille d'Uhud dans le campement musulman, « pour que les musulmans ne faiblissent pas et arrêtent de se faire massacrer », il vise donc les adversaires présents à Uhud au moment de la bataille. Comme signalé par Mohammed Arkoun en note de bas de page de la traduction du Coran de Albert Kazimirski de Biberstein pour ce verset.


C-b. Les châtiments corporels :

Un autre aspect très critiqué du Coran, ce sont les châtiments corporels conçus à l'égard de respectivement les voleurs, les faux-témoins, les fornicateurs et les semeurs de trouble. De même que le talion est envisagé pour les cas de meutre ou mutilation avec préméditation.

(Cor. 39:55) "Et suivez la meilleure révélation qui vous est descendue de la part de votre Seigneur."


C-b.1. L'amputation de la main des voleurs :

"Quant au voleur et à la voleuse, à tous deux coupez la main, en rétribution  de ce qu'ils se sont acquis, en punition de la part d'Allah. Et Allah est Puissant, Sage." (Coran, 5:38)

□ Cette peine est très dure et choquante pour un homme en ce siècle. Or, si nous la remettons dans son contexte, elle ressort comme beaucoup moins violente. Ainsi, elle était pratiquée déjà en Arabie avant l'avènement de l'islam, mais également en Europe, chez les Germains, et était une pratique de l'église Catholique romaine à l'époque de la révélation du Coran. Ce n'est donc pas une innovation du Coran, mais une pratique déjà existante chez les Arabes et dans le monde chrétien.

□ Cette pratique a été appliquée, selon les chroniqueurs, une fois du vivant du Messager. Or, les récits ne rapportent aucune modalité sur la façon exacte d'exécuter cette peine. En effet, il ressort des récits qu'une certaine voleuse, de classe aisée, fût livrée par le Messager à un groupe de fidèles, sans dire comment appliquer la peine prévue dans ce verset. Eux ont tranché, rapportent les témoins la main droite de la voleuse, au niveau du poignet. Certains récits enseignent que la main, اليد en arabe, commence du bout d'un seul doigt d'une main, et se termine au niveau des épaules, en sorte que Ali ibn abi Tâlib aurait fait couper la main d'un voleur, au niveau de l'extrémité de certains doigts. Or, nous allons voir infra, que ce verset peut être relu de différentes façons moins sévères encore.


C-b.2. La condamnation des semeurs de troubles :

"La rétribution de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager et qui s'efforcent de semer le désordre sur la terre, c'est qu'ils soient exécutés, ou attachés à un poteau, ou que leur soit coupée la main et la jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés de la terre : voilà pour eux l'ignominie d'ici-bas; et dans l'au-delà il y a pour eux un énorme châtiment." (Coran, 5:33)

□ Il est question d'une peine destinée à des criminels dans des cas de toubles sociaux importants. Ici encore, ces peines s'avèrent même légères comparées à certaines formes de châtiments infligés ailleurs dans le monde au moment de la composition du Coran. Quatre peines sont envisagées : la mise à mort, l'attachement à un poteau durant une certaine durée sous le soleil sans mise à mort, l'amputation d'une main et d'un pied des coupables, ou leur exil. Nous allons y revenir plus rigoureusement infra.

□ Notons que la peine minimale citée consiste en l'exil. Or le Coran commande de se plier aux mœurs. Ainsi, l'imposition exclusive de l'exil serait parfaitement conforme de nos jours avec l'esprit du Coran.


C-b.3. La peine des fornicateurs :

"La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de cent coups de fouet. Et ne soyez point pris de pitié pour eux dans l'exécution de la loi d'Allah, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Et qu'un groupe de croyants assiste à leur punition." (Coran, 24:2)

□ Cette peine aussi est en fait une peine pratiquée selon l'église romaine Catholique à cette époque, pour réduire les pulsions incontrôlées, y compris l'auto-flagellation.

□ Nous allons montrer infra, que cette peine est conçue pour éviter la débauche ouverte dans la société.


C-b.4. La loi du talion :

"Ô les croyants ! On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce. Ceci est un allègement de la part de votre Seigneur et une miséricorde. Donc, quiconque après cela transgresse, aura un châtiment douloureux. C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété." (Coran, 2:178-9)

□ Le talion est précisé ici, être autorisé, afin de préserver la vie. Il faut en effet imaginer une société précaire, où les vendettas font des ravages. En instituant un droit au talion sur le seul et unique coupable, le Coran vise à stopper la spirale de la violence déjà largement existante.

□ Ici encore, lorsque nous prenons en compte le commandement coranique explicite de se plier aux mœurs, il devient nécessaire d'imposer les dédommagements sans appliquer le talion.


C-b.5. Approche juridique et éthique du Coran :

Comme souligné supra, ces peines sont en effet instituées dans le Coran, à une époque très violente, où règnent vendettas et vengences personnelles. Dans un monde où les châtiments corporels sont une règle commune afin d'assurer le maintient de l'ordre public et la colère populaire. Or, des versets du Coran explicites commandent des comportements devant adapter ces peines selon l'évolution de la société. Voici quelques versets qui relativisent et contextualisent la gestion de ces litiges.


 "Suis la voie du pardon et juge selon les mœurs. Et éloigne-toi de l'ignorant." (A'raf, 199)

□ Ce verset commande de juger de façon clémente, et selon les mœurs. L'application textuelle de ce commandement implique dans les sociétés modernes un adoucissement maximal des peines coraniques.


"Et suivez le meilleur de la révélation qui vous est descendue de la part de votre Seigneur, avant que le châtiment ne vous vienne soudain, sans que vous ne [le] pressentiez." (Zumar, 55) 

□ Ce verset commande de même de suivre, parmi la révélation ce qui s'y trouve de meilleur, donc de plus sage. Cela aussi implique une lecture éthique des commandements touchant à l'ordre social.


"La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est donné qu'au possesseur d'une grâce infinie." (Fussilat, 34-35)


□ Ce verset-ci, commande de rendre le mal par le bien au-delà du pardon. Ici encore, l'application à la lettre de ce commandement par un juge, à notre époque nécessitera d'opter pour la peine la moins sévère, dans le cadre de ce qui est permis et même recommandé dans le Coran.


C-b.6. Exemple d'adoucissements possibles des peines prévues dans le Coran, en conformité à l'esprit du Coran suivies dans des pays musulmans.


■ Vol :

La sourate Joseph, emploie les mêmes termes de couper la main pour une entaille de l'intérieur des mains des dames choquées devant la beauté du jeune homme. Cela est la plus petite façon de couper une main, dans l'esprit du Coran. Mais, en langue arabe, cette injonction peut se comprendre comme priver le voleur de l'accès aux biens d'autrui, par exemple en l'emprisonnant. 


■ Semeurs de troubles :

Comme expliqué plus haut, l'exil est la peine la moins sévère prévues à cette fin dans le Coran, et est légiféré dans beaucoup de pays musulmans comme loi la plus sévère à cet encontre.


■ Fornication : 

Le Coran suggère à Jacob de concrétiser son serment de donner cent coups de fouets à son épouse si il se rétablit pour ses offenses, en se faisant un faisceau de cent brindilles et de frapper une seule fois. Peine pouvant être envisagée pour les fornicateurs dans le cadre de l'esprit du Coran. Le but étant davantage une humiliation publique et une dénonciation de l'écart avec les bonnes mœurs, qu'infliger de la douleur. 

Or, dans la pratique, sauf à reconnaître son acte ou a le faire en public de façon évidente, l'exigence coranique de quatre témoins ayant vu la pénétration de façon univoque, cette peine tombe faute de remplir les exigences imposées. Pour cette raison, jusqu'à une époque récente et la montée de l'extrémisme religieux dans certaines sociétés musulmanes, cette peine était inexistante. Ainsi, un seul cas est répertorié dans l'empire Ottoman sur plus de six siècles.


■ Meutre ou mutilation : 

Comme déjà vu, le dédommagement financier peut ici être imposé comme loi, dans l'esprit du Coran.


C-b.7. Réponse à une question qui doit surgir chez certains :

Quoi que cette lecture du Coran soit pertinente, comment expliquer que des pays comme l'Iran, l'Arabie saoudite ou l'Afghanistan continuent à appliquer les châtiments les plus sévères ?

Tous de pays à dominance musulmane ne s'affichent pas comme suivant la charia, aujourd'hui, une douzaine ont promulgué des codes pénaux fondés sur l'islam, dont l'Afghanistan (Code pénal de 1976), le Bruneï (CP 2014), l'Iran (CP 1991), réformé en 1996 et 2013), le Koweït (1960, 1970), la Libye (1953, 1973, 2002), les Maldives (1961, 2014), Oman (1974), le Pakistan (1860, modifié par les ordonnances Hudood de 1979), le Qatar (1971, 2004), le Soudan (2003), les Émirats arabes unis (1987), le Yemen (1994), ainsi que certaines provinces de Malaisie (le Kelantan en 1993), du Nigeria (une dizaine de provinces) et d'Indonésie (Aceh, 2014) Pour rappel, 49 pays sont à dominance musulmane à travers le monde.

Parmi les pays s'affichant comme pratiquant la charia, les peines mentionnées plus haut ne sont pas non plus toujours exécutées. En sorte que le Coran est bien relu avec un regard moderne à mesure que les mœurs évoluent. L'idée que le Coran ne permet pas une adaptation aux mœurs est donc infirmée très largement dans les faits.



C.2. La Tradition :

L'islam est stigmatisé, sur ces aspects mécompris du Coran, mais également en ce qui concerne les traditions, la Sunna, les hadiths, dont certains points sont en général considérés comme incitant à la haine, ou à la violence. Dans cette seconde partie de notre article, nous allons traiter des points qui nous paraissent les plus pertinents et en faire également une analyse critique soutenue.

Comme pour les critiques visant le Coran, les actes de guerre, et les condamnations à mort et châtiment corporels sont les deux axes de la critique des hadiths attribués au Prophète. Nous traiterons donc de ces deux domaines comme supra, en deux sous-parties.


C-2.a. Muhammad et la guerre : 

Comme pour le Coran, nous citerons les hadiths soulevant la polémique, et en ferons une analyse critique, point par point.


"L'islam est sous l'ombre des épées"

□ Le prophète évoque ici clairement la protection de l'islam contre les ennemis, l'ombre désignant la tranquilité ou la sécurité.


"J'ai été commandé de combattre les associateurs jusqu'à ce que l'islam entre dans leurs coeurs"

□Il n'est pas question de combattre les associateurs en vue de les islamiser. Le fait que Muhammad n'ait pas forcé les Mecquois polythéistes à s'islamiser lorsque la Mecque fût vaincue est la preuve formelle sur ce point. Le prophète Muhammad n'a jamais forcé quiconque à entrer dans l'islam contre son gré. 

□ Ce commandement mentionné est ce verset déjà étudié supra :  "Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Mais, s'ils cessent Allah observe bien ce qu'ils œuvrent."  (Coran, 8:39) Nous lisons bien  "Et s'ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c'est Lui l'Audient, l'Omniscient." (Cor. 8:61). Donc, cela vaut tant que l'islam est menacé.


Le cas des banu Qurayda et la relation du Prophète avec le judaïsme :

Les chroniqueurs rapportent que le Prophète fit une expédition afin d'assiéger les forteresses des banu Qurayda après la fin de l'assiègement de Yathrib. Ceux-ci ayant participé à l'assiègement avec les envahisseurs, un tribulal militaire dirigé par Sa'd ibn Muadh, chef des Khazraj, alliés des banu Qurayda. Il arbitrât que tous leurs mâles ayant levé des armes seraient exécutés, et leurs femmes et enfants vendus comme esclaves.

D'après ibn Umar : "Les Banu Nadir et Banu Qurayda ont combattu (contre le Prophète, violant leur traité de paix), alors le Prophète a exilé les Banu Nadir et a permis aux Banu Qurayda de rester (à Médine), ne leur prenant rien jusqu'à ce qu'ils s'attaquent à nouveau au Prophète. Il a alors fait exécuter leurs hommes et a distribué leurs femmes, leurs enfants et leurs propriétés parmi les musulmans. Certains d'entre eux sont venus vers le Prophète et il leur a accordé la sécurité, alors ils ont embrassé l'Islam. Il a exilé les juifs de Médine. Il y avait des Banu Qainuqa, la tribu d'Abdullah bin Salam, les Banu Haritha et tous les autres juifs de Médine.". 

C'est Sa'd ibn Mu'adh, le chef des Banu Aws, tribu alliée avec les Banu Qurayda qui a été gravement blessé durant la bataille du fossé et qui en mourut par la suite, après réflexion, rendra le verdict suivant : « Lorsque Sa'd arriva chez l'Envoyé et les musulmans, celui-ci dit : « Levez-vous pour accueillir votre chef. » À la demande de Sa'd, les présents, des Émigrés de  Qurayche et des Ansars, tout le monde s'engage à accepter le verdict. Sa'd dit alors : « Mon jugement est qu'on tue les hommes portant les armes, qu'on partage les biens, et qu'on mène en captivité les femmes et les enfants. »

Ibn Kathīr rapporte que certains mâles des banū Hadl résidant avec les banū Qoraidha auxquels ils sont patents se sont présenté chez le Prophète afin d'expliquer qu'eux ont refusé de combattre les musulmans, et ont été graciés [5].

Ibn Ishaq écrit également : « Puis on les fit descendre. L'Envoyé les fit enfermer dans la maison de Bint al-Hârith à Médine ; Bint al-Hârith est une femme de Banû al-Najjar. Puis l'Envoyé alla au marché qui est encore aujourd'hui son marché, et y fît creuser un fossé. Il les fit venir, et les fit exécuter dans le fossé, on les fit venir à lui par groupes. Parmi eux se trouvèrent les ennemis de Dieu Huyayy ibn Akhtab, et Ka'b ibn Asad leur chef. Ils étaient au nombre de six cents, ou de sept cents ; celui qui multiplie leur nombre dit qu'ils étaient entre huit cents et neuf cents. Pendant qu'on les amenait à l'Envoyé par groupes, ils dirent à Ka'b : « Ô Ka'b ! Qu'est-ce qu'on fera de nous ? » Il répondit : « Est-ce que vous êtes incapables de réfléchir ?! Ne voyez-vous pas que le crieur ne cesse pas de crier, et que celui d'entre nous qu'on envoie ne retourne pas ?! C'est bien sûr la mort. » Cela continua jusqu'à ce que l'Envoyé en finît avec eux. » [6]


□ Cette condamnation est parfois présentée comme un acte criminel du Prophète Muhammad envers les Juifs. Il s'agit d'un récit inconsistant, le nombres de condamnés va de 400 à 900 [7], et un tel massacre n'est pas cité dans les registres Juifs. Leur nombre devait être moins grand, vu qu'ils pouvaient être confinés chez une dame de Yathrib.

□ La condamnation des déserteurs et des traîtres, accusations justifiant selon ces récits ces exécutions, n'est propre ni à l'islam, ni au Moyen-Âge. Il y a eu dans le cadre de la première guerre mondiale, environ 926 fusillés dans les rangs des troupes françaises, à la suite de condamnations prononcées pour refus d'obéissance, mutilations volontaires, désertion, mutinerie. [8]

□ La perception de ce jugement comme un crime est donc biaisée. L'assiegèment de la cité des musulmans aurait pu être un massacre fatidique des tenants de la nouvelle religion. Même très dur, cet arbitrage n'est donc pas hors norme en situation de guerre.

□ Il est à souligner que l'affirmation, par ibn Umar, que les juifs de Médine auraient tous été expulsés par le Messager est une erreur. En effet, les chroniqueurs mentionnent beaucoup de clans juifs ayant continué à vivre dans Yathrib, bien après le décès du Prophète. C'est Umar, le père d'ibn Umar qui fera évacuer le Hijaz aux Juifs en disant que le Messager avait commandé cela de son vivant.

□ Selon Gordon Darnell Newby, « les récits de l'annihilation des Banu Qurayda semblent avoir été remaniés de façon tendancieuse dans les sources islamiques datant de la fin des Omeyyades et sous les premiers Abbassides [au VIIIe siècle] quand des soulèvements juifs armés éclatèrent contre le régime islamique en Iran et en Syrie » ; « beaucoup de juifs demeurèrent à Médine jusqu'à la mort de Muhammad et au-delà ». « En dépit de l'affirmation rétrospective selon laquelle le calife 'Umar Ier aurait expulsé les juifs (et les chrétiens) de la péninsule arabique, il apparaît que les juifs quittèrent l'Arabie du Nord progressivement. Nos sources recèlent ici et là des récits mentionnant des tribus juives en Arabie les derniers datant même milieu du XXe siècle ». [9]


C-2.b. Muhammad et les châtiments corporels : 

Il est de même reproché au Prophète d'avoir fait exécuter un groupe de brigands très sévèrement.


Le hadith, narré par Abou Qilaba :

"Une fois Umar ibn Abdalaziz s'assis sur sa chaire afin que les gens puissent se rassembler devant lui. Il les fit entrer et (quand ils entrèrent), il dit : 'Que pensez vous d'al-Qasama ?' Ils répondirent : 'Nous disons qu'il est permis de dépendre d'al-Qasama en talion, comme les Caliphes musulmans précédents effectuaient le talion qui en dépendaient.' Il me dit ensuite : 'Ô abou Qilaba ! Qu'en dis-tu ?' Il me fit arriver devant les gens (...) Je dis : 'Par Allah, le Prophète n'a jamais tué quelqu'un excepté dans une des trois situations suivantes : Une personne qui tuait quelqu'un injustement était tuée (par le talion) ; une personne mariée qui pratiquait une relation sexuelle illégale, un homme qui se battait contre Allah et Son Apôtre, désertait de l'islam et devenait un apostat.' Les gens dirent alors : 'Anas ibn Malik n'a-t-il pas relaté que l'Apôtre coupait les mains des voleurs, brûlait leurs yeux et ensuite les jetait sous le soleil ?' Je dis : - Je vais vous dire ce que disait Anas : Huit personnes venant d'Ukl allèrent à l'Apôtre et firent devant lui le serment d'allégeance à l'islam (devinrent musulmanes). Le climat du lieu (Médine) ne leur convenait pas : ils tombèrent malades et s'en plaignirent auprès de l'Apôtre. Il (leur) dit : 'Ne sortiriez-vous pas chez les bergers de nos chameaux dans le desert et ne boiriez-vous pas du lait et de l'urine des chamelles ?' Ils dirent : 'Oui.' Ils sortirent et burent du lait et de l'urine des chamelles, recouvrèrent la santé et tuèrent le berger de l'Apôtre et prirent tous les chameaux. Cette nouvelle arriva à l'Apôtre d'Allah, il envoya donc (des hommes) pour suivre leurs traces et ils furent capturés. Il ordonna ensuite qu'on coupât leurs mains et pieds, et leurs yeux furent percés comme ceux de leurs victimes, et il les laissa sous le soleil jusqu'à ce qu'ils meurent. Il dit : 'Qu'est-ce qui peut être pire que ce que ces gens ont fait ? Ils ont quitté l'islam, commis le meurtre et le vol.' Anbasa ibn Said dit ensuite : 'Par Allah, je n'ai jamais entendu ce récit comme d'aujourd'hui.' Je dis : 'Ô Anbasa ! Dénies-tu mon récit ?' Anbasa dit : 'Non, mais tu as relaté le récit de la manière qu'il devrait être relaté. Par Allah, ces gens sont en bien-être aussi longtemps que ce Cheikh (Abou Qilaba) est parmi eux.' J'ai rajouté : 'Certes à partir de cet évènement il y a eu cette tradition instituée par l'Apôtre.' (...) "


□ Il est à noter que c'est le talion qui a été appliqué sur les criminels  selon ce récit. Ceux-ci ayant profité des circonstances pour crever les yeux, mutiler et tuer le berger qui avait été missionné de les soigner, et ce, une fois rétablis.

□ Le massacre du berger, vu sa situation, au sein du désert, afin de semer la terreur chez les fidèles les menant à craindre de circuler loin de la cité du Prophète devait être puni de façon exemplaire. Afin de dissuader une récidive conduisant à un climat de panique. Quoi que très dur, ici encore, le châtiment était proportionnel et adapté aux conditions et moyens de l'époque.


C-2.c. Muhammad a-t-il fait exécuter les poètes et les apostâts ?

Une fausse idée assez répandue est que le Prophète aurait fait exécuter les poètes et les apostâts. Cette croyance prend source dans certains récits plus ou moins accrédités par les historiens.

Il n'existe strictement aucun cas de condamnation à mort au motif d'une apostasie à travers les ouvrages de hadiths. Les cas de condamnations d'apostats existent, or, chaque cas répertorié est poursuivi d'animosité et de propagande à l'encontre de la nouvelle religion.

Le rôle des poètes était équivalent à celui de la propagande et des campagnes politiques de notre époque. Ainsi, certaines personnes ont pensé que ce seraient les poètes et les apostâts qui seraient la cible du Prophète.

Un verset du Coran commande de viser les chefs des troupes ennemies.


"S’ils attaquent votre religion, (alors) combattez les chefs des infidèles." (Coran, 9:12)

On dénote une trentaine d'agitateurs éliminés à travers les sīra, tabaqāt et maghāzi.


1 Nadr  ibn Hârith,
2 Uqba ibn abî Muayt, 
3 Abû Azzah, 
4 Muâwiya ibn Mughîra,
5 Khâlid ibn Sufyân  ibn Nubayh,
6 Ukl wa Urayna (8 individus),
7 Abu Afak,
8 Asmaa bint Marwan,
9 Ka'b ibn Achraf,
10 Ibn Sunayna,
11 Abu Rafi,
12 Zaynab bint Harith,
13 Kinana ibn Riabi,
14 Harith ibn Suwayd ibn Samit,
15 Manzur ibn Zabban,
16 Abdallah ibn Hatal,
17 Miqyas ibn Subabah,
18 Huwayrith ibn Nuqays,
19 Harith ibn Talatila,
20 Arnabah,
21 Sara,
22 Umm Sa'd.


Quatorze agitateurs figurant parmi les agitateurs furent pardonnés pour s'être repliés ou réformés.

1 abû Sufyân ibn Sahr ibn Harb,
2 abû Sufyân  ibn Hâris,
3 Anas ibn Zunaym,
4 Asîd ibn abû Unâs,
5 Furât ibn Hayyân, 

6 Abdullah ibn Sa'd ibn abu Sarh,
7 Ikrimah ibn abu Jahl,
8 Habbar ibn Aswad,
9 Safwan ibn Umayya
10 Wahchi ibn Harb,
11 Abdallah ibn Ziba'ra,
12 Ka'b ibn Zubayr,
13 Hint bint Hutba,
14 Fartana.



Quoi que choquant, cette méthode visant à tuer le serpent dans l'oeuf aura eu un effet frappant. En effet, en ciblant les agitateurs, le bilan total des morts lors de la diffusion de l'islam en Arabie, jusqu'au Yémen du vivant du Messager sera donnée par les chroniqueurs comme étant à hauteur de 383 morts avec neuf affrontements armés [10]. Avec  138 morts du côté des musulmans et 216 morts du côté adverse sur les champs de bataille, et 29 exécutions d'agitateurs. L'exécution martiale des hommes de banu Qurayda ayant participé à l'assiègement de Yathrib dont le nombre incertain donné comme allant de 400 à 900 est à ajouter à ce bilan. Ce bilan est étonnamment faible, comparé aux morts relatés pour les affrontements à la même époque ailleurs dans le monde. Par exemple environs six mille personnes seraient mortes lors de la bataille de Ninive en 627, lors d'un affrontement des byzantins et des perses.

Ce succès semble également être justifié par d'autres stratégies de guerre, comme le surarmement, et la fragilisation de l'économie mecquoise en barrant les voies commerciales.












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[1] An-Nasikh -wal- Mansukh, d'Ibn Khuzyama fait état de 113 versets abrogés par le Verset de l'Épée (9: 5), et 9 versets abrogés par le verset du combat (9: 29): "Combattez ceux qui ne croient pas en Allah, ni au Jour dernier".

[2] Cf. Sourate, al Fath.

[3] Le Nectar Cacheté (Ar-Raheeq Al-Makhtoum), une biographie du Prophète d'après Moubarakfawri. (1e Ed. 1999), p. 582-583.

[4] Hassan al Ramlah, al-furusiyya wa al-manasib al-harbiyya, XIIIeS.

[5] Ismaıl ibn Kathīr (1302-1372), As-Sîra al Navawiyyah, p.650-1. Édition Universel, Paris (2007). ISBN : 2-911546-59-8, 9782911546594.

[6] ibn Ishaq, Sira. Édition de référence en arabe p. 689-690, traduction française t.2 p.189, p.192.

[7] Gordon Darnell Newby (auteur de A History of the Jews of Arabia, Univ. of South Carolina Press, 2009), Les juifs d'Arabie à la naissance de l'islam, Histoire des relations entre juifs et musulmans, dir. Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, Albin Michel, p.49-50.

[8] Philippe Chapleau, « 926 fusillés lors de la Grande Guerre pour désobéissance, délits de droit commun et espionnage », sur Ouest-France, 27 octobre 2014 (consulté le 3 novembre 2014).

[9] al Bidāyah wa'l nihāyah, ibn Kathir mentionne de 400 à 700 condamnés, Tabari donne un nombre de 800 à  900 dans Tarikh al-Rusul wa al-Muluk.

[10] Les champs de batailles au temps du Prophète, édité en 1939, auteur : Dr. M. Hamidullah.