mardi 27 octobre 2020

IV. De la Femme

A. Introduction :

Un des aspects les plus critiqués de l'islam est le statut de la femme. C'est probablement là l'un des points les plus ardus à traiter, tant du point de vue technique que du point de vue émotionnel.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, rappelons qu'il est question d'une culture distincte de la nôtre, occidentale. Il faudra donc veiller à ne pas faire des comparaisons abusives, et veiller à situer les usages dans le cadre de leur bassin fondateur.


Le voile symbolisait initialement une marque de classe sociale, et non un statut d'infériorité. 

Contre toute attente, du temps du Prophète Muhammad, celui-ci était considéré comme un défenseur de la gent féminine. Puisqu'il faut situer les réformes dans leur contexte socio-culturel. Les Européens du Moyen-âge accusaient ainsi les femmes musulmanes de manque de pudeur, et de retenue.




B. Frapper sa conjointe :



Le Coran autorise-t-il de frapper son épouse ? Dans le lien supra, nous avons traité de ce sujet en profondeur. Ici, nous nous contenterons d'un résumé.

Le Coran n'autorise pas de frapper son épouse, même légèrement ou avec un mouchoir, comme défendu comme  étant la version unanime par les savants. Cette unanimité découle de l'inconsistance du sens admis consensuellement pour un verset très polémique du Coran, qui est présumé permettre un tel acte envers une épouse indocile.

En réalité, cette lecture incohérente conduisant à une interprétation étrange (frapper, mais sans faire mal), découle de la dérive sémantique du mot ضرب qui est polysémique et a plusieurs sens possibles. L'analyse distributive des significations et des champs sémantiques permet de constater que le sens de frapper est incohérent. En effet, plus loin, dans la même sourate, le Coran institue (2:229) un droit de divorce unilatéral féminin, que la tradition rapporte en exemplifiant par deux divorces unilatéraux féminins commandés par le Prophète Muhammad après des cas de violence conjugale envers des épouses.

Quoi que dans la langue arabe apauvie le terme "ضرب" ait été progressivement réduit à la notion de "frapper", sa racine et son usage multiple dans divers sens dans le Coran témoigne de la richesse sémantique du mot à l'origine. En effet, la racine du terme "daraba" a généré de nombeux termes parallèles. Sur base d'anciens écrits en syriaque, les linguistes soutiennent que la racine primitive du mot, "trapa", signifiant l'idée de "serrer l'un sur l'autre" a donné le terme "daraba". Le terme "ضرب" rejoint de par sa racine les termes : "شراب " (le vin est obtenu en pressant les raisins), "صراف" (la monnaie est imprimée), "تراب " (la terre est piétinée), de même certains termes coraniques obscurs acquièrent un sens nouveau comme les mots : " تراب" ou "ترا ءب". Kawaibe atraba (78/33) signifiant ainsi "deux seins tel deux gros vases serrés l'un contre l'autre", uruban atraba (36/37) signifiant quant à lui "deux seins découverts et bien dressés serrés l'un contre l'autre" et min bayni as-sulbu wa't tarâib (86/6-7) signifiant quant à lui "entre les reins et l'entre jambes (ou les côtes) de la femme". La traduction forcée de ces passages redevient ainsi intelligible lorsque la racine du mot est identifiée. Le thème central étant l'idée de "serrer l'un contre l'autre". L'usage symbolique de ce terme pour la copulation en devient ainsi intelligible. La démarche linguistique moderne fondée sur la philologie, la lexicologie et l'analyse distributive permet de se fixer sur le sens initial du mot au sein du verset.

Voici la traduction sémantique et contextuelle du passage en question :

ٱلرِّجَالُ قَوَّٰمُونَ عَلَى ٱلنِّسَآءِ بِمَا فَضَّلَ ٱللَّهُ بَعْضَهُمْ عَلَىٰ بَعْضٍۢ وَبِمَآ أَنفَقُوا۟ مِنْ أَمْوَٰلِهِمْ ۚ فَٱلصَّٰلِحَٰتُ قَٰنِتَٰتٌ حَٰفِظَٰتٌۭ لِّلْغَيْبِ بِمَا حَفِظَ ٱللَّهُ ۚ وَٱلَّٰتِى تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَٱهْجُرُوهُنَّ فِى ٱلْمَضَاجِعِ وَٱضْرِبُوهُنَّ ۖ فَإِنْ أَطَعْنَكُمْ فَلَا تَبْغُوا۟ عَلَيْهِنَّ سَبِيلًا ۗ إِنَّ ٱللَّهَ كَانَ عَلِيًّۭا كَبِيرًۭا

"Les hommes veillent sur les femmes de par leur faveur physique sur celles-ci, et en pourvoyant matériellement à leurs besoins. Les femmes droites, respectables veillent avec le soutien de Dieu sur leur sexe en l'absence de leurs époux. S'ils craignent que leurs épouses cherchent à les délaisser (pour d'autres) [les délaissant charnellement ou en introduisant des étrangers en leur absence], qu'ils les exhortent, séparent leurs couches [jusqu'à 4 mois au maximum] et les enlassent [dans le but de la copulation, sans insister en passant d'un côté à l'autre]. Si elles deviennent conciliantes, qu'ils ne cherchent plus contre elles de voie [pour la répudiation]." (Cor. 4:34)


C. Clitorectomie : 


Une idée fausse concernant la femme en islam chez certains est la croyance de la permission en islam de la clitorectomie. Nous avons montré dans l'article partagé dans le lien supra, qu'en islam, le plaisir charnel tant masculin que féminin entre conjoints est encouragé pour renforcer le lien sentimental. Il existait un usage arabe avant l'islam consistant à décalloter le clitoris des dames dans cette contrée très chaude, où les femmes avaient un grand appendice. Pratique non interdite, mais pas recommandée par le Prophète.

Parfois, il arrive que le capuchon du clitoris empêche le clitoris de sortir, ce qui réduit le plaisir érogène. Il faut parfois réduire le capuchon afin de permettre à celui-ci de sortir. Une intervention pratiquée chez certaines tribus d'Arabie ante-islamique, comme le clitoris des femmes était très développé chez elles. Réduisant le désir sexuel de celles-ci.


D. Polygamie : 



Le Coran autorise la polygamie, en la limitant à quatre femmes libres. La polygamie est perçue en Occident comme inadmissible, de par la culture chrétienne imposant la monogamie et interdisant le divorce. Or, elle est en réalité très répandue à travers le monde.



  Polygamy is legal for Muslims only
  Polygamy is legal
  Polygamy is legal only in some areas (Indonesia)
  Polygamy is illegal, but practice is not criminalised
  Polygamy is illegal and practice criminalised
  Legal status unknown

La pratique de la polygamie est très répandue encore de nos jours. En réalité, l'islam a limité le nombre d'épouses permises à quatre.

D'un point de vue anthropologique, les Arabes en perpétuelles guerres, dans un territoire extrêmement hostile et désertique où les resources sont très limitées et les conditions de vie très rudes voyaient le nombre de leurs mâles très fragilisé. Ce qui induisait un ratio mâle femelle très marqué. Certains mois de trêve étaient institués afin d'éviter un effondrement global.

D'autre part, le devoir de protection des femmes face à ceux des autres tribus conduisait à des effets très violents. Ainsi, afin d'éviter de laisser leurs femmes aux mâles des tribus ennemies, certaines tribus faibles pratiquaient l'enterrement des filles, afin d'éviter l'humiliation !

Le Coran permettra donc la polygamie en encourageant à l'équité matérielle et charnelle envers les coépouses. Mais il est techniquement permis à la femme d'exiger un mariage monogame au moment de la demande. Et un droit de se séparer de façon unilatérale sera institué dans le Coran, qui est un droit légal de toute femme insatisfaite de son époux sur le plan conjugal. Donc, même autorisé, le Coran met en place un moyen d'adaptation aux circonstances.


E. Voile : 




Le voile en islam vise-t-il à rabaisser la femme ? Ou à marquer sa soumission ? Historiquement, le voile en islam servait au contraire à montrer la classe sociale d'une femme. Afin de se différencier des femmes esclaves dépourvues d'habits, le Coran recommandait aux dames libres de prendre leur couverture de lit, en quittant leurs maisons pour un besoin naturel. Car, comme cela est mentionné dans le Coran, les Arabes se dévêtissaient en allant se coucher.

Cette recommandation fut suivie, comme celles-ci prenaient de leurs jilbāb en sortant, mais avec le dessus du corps toujours dénudé, d'un verset recommandant cette-fois de tirer leurs couvertures (ximār) sur leurs poitrines.

C'est lorsque les mâles rapporteront ce verset au dames de Yathrib, que celles-ci découperont dira Aïcha,  de leurs pagnes, pour se couvrir entièrement. Le Coran ne précisant pas quelle partie peut rester apparente. C'est cette pratique qui  sera progressivement généralisée, même si le Coran ne déterminera jamais quelle partie du corps en dehors des parties genitales et des seins doit être couvert en public.

Cet usage, loin de viser à humilier les dames, avait pour objectif de marquer leur classe sociale. D'autant plus que la précarité faisait à l'époque que les tissus étaient des produits de luxe, et une marque d'aisance.


F. Égalité femme homme : 

L'islam considère-t-il un sexe comme inférieur à l'autre ? Non, aucun musulman mâle ne se considérerait égal ou encore moins supérieur à Marie, ou Aïcha, ou une quelconque musulmane contemporaine du Messager. Il n'y a pas en islam d'autre supériorité que la piété religieuse. Il n'y a pas non plus de notion de compétition sinon religieuse, ou même d'égalité.

L'islam, comme pour toute société, confère des droits et des devoirs aux individus. En fait, sur ce plan, concrètement, la femme bénéficie d'une discrimination positive. N'ayant ainsi pas de mission ménagère, ni pécuniaire. Mais ayant même le droit de travailler, moyennant salaire, sans devoir d'en dépenser pour son ménage.


G. Répudiation : 


Un point très sensible en islam est le droit de divorce unilatéral masculin, la répudiation.

Ici encore, il nous faut souligner que la répudiation était d'usage avant l'islam en Arabie. Et cela, sans aucune limitation. Le Coran limitera cela à trois prononciation avant la séparation, en interdisant de la reprendre ensuite tant qu'elle n'aurait pas essayé un autre ménage qui aurait également échoué. En effet, les hommes gardaient des dames ainsi sans relation, durant des années, sans les toucher, ni leur laisser la liberté de se mettre avec un autre.

Le Coran établira ensuite un équivalent féminin, le xall. Une femme pouvant désormais rompre le contrat de mariage de façon unilatérale. 


H. Travail : 



L'islam interdit-il à la femme de travailler moyennant salaire ?

Le Coran mentionne l'autorisation pour les femmes de travailler moyennant salaire, dans le cas de mères allaiteuses. La tradition mentionne d'autres professions salariées, comme la médecine, le commerce, la justice etc. Même si cela est empêché culturellement dans beaucoup de sociétés musulmanes patriarcales.


I. Droit d'héritage féminin :


Nous avons étudié cette question en profondeur dans l'article susmentionné. Le Coran met des barèmes aux droits successoraux, qui semblent discriminer les filles. Ce qui est inexact à plusieurs égards.

Encore une fois, lorsque nous cherchons les usages antérieurs, nous voyons qu'en règle générale, les femmes étaient spoliées de tout droit de succession. Comme un peu partout dans le monde pour l'époque. L'islam leur octroie donc un droit largement inexistant.

Deuxièmement, il faut se souvenir que les femmes n'ont aucun devoir financier. En sorte qu'elles seront sous la couverture de leurs époux ou de la caisse sociale. La part qui leur est attribuée leur revient donc dans sa totalité, alors que la part des hommes revient à elles-mêmes, et aussi à leurs progénitures.

Enfin, une lecture rigoureuse des versets concernés fait conclure qu'il ne s'agit pas de parts absolues, mais de quot-parts pondérés par des limites. En sorte qu'il n'y ait pas de successrurs mis sur le côté. La finalité étant que chacun ait une part selon son degré de proximité au défunt. Ainsi, un garçon pourra recevoir jusqu'à la part de deux filles, ayant des devoirs fiscaux supérieurs. Or, ceci est bien une limite de pondération, et non une part absolue, parfois irréalisable comme nous le démontrons dans l'article susmentionné.

Une réserve peut sembler concevable sur ce plan. Cette libération théocratique des dames de devoirs financîers ne produit-il pas une forme de dépendance et donc de manque d'autonomie et de liberté chez celles-ci ? À cela il faudra répondre que non, étant donné que les dames bénéficient du droit de travailler et également du droit de divorce unilatéral féminin susmentionnés. 


J. Les épouses du Prophète :


Un domaine sensible touchant le statut féminin en islam est la question des épouses du Prophète. Puisque celui-ci limita le nombre de coépouses à quatre dames libres, mais aurait eu jusqu'à dix épouses en même temps.

Un verset légitime ce cas particulier (33:50), et sur le plan logique et théologique ceci ne pose pas de problème. C'est donc sur le plan moral et éthique que ce point interroge. Y-a-t-il une explication intelligible justifiant cette discrimination ?

Le verset limitant le nombre des épouses à quatre met comme condition pour avoir plus d'une seule épouse le critère d'équité. "Si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule" (4:3). Le verset (33:50) "... uniquement pour toi, à l'exclusion des autres croyants" prend son sens, puisqu'un homme non parfaitement juste ne pourrait pas être désigné pour guider sur la voie droite.

Lorsque nous analysons le profil des épouses de celui-ci, nous constatons qu'hormis Aïcha, toutes étaient veuves. Or, prendre de nombreuses épouses était chez les Arabes une preuve de noblesse, car cela impliquait de pourvoir à leurs besoins. 

Il existe encore une autre raison d'ordre culturel et ethnologique pouvant expliquer ces mariages concernant le Prophète, en rant que chef. Lorsqu'un chef prend pour épouse une femme d'un clan, un lien de fidélité s'établit entre les clans. La fierté justifie cela. Au point qu'il y avait même chez les Arabes un type de mariage consistant à envoyer sa propre épouse chez un mâle de lignée noble, afin de lui donner une progéniture de classe noble. 

Il y a deux périodes, une première avec la quadrigamie, et une seconde période de conflits tribaux. Après le décès de 1. Khadijah, le Prophète épousa 2. Sawda, qui était ménopausée et divorcée en Abyssinie, par son époux devenu chrétien. En la prenant, le Prophète la prenait sous sa protection. 3. Aïcha et 4. Hafsa renforcaient encore les liens avec abū Bakr et Umar au sein de l'alliance de Yathrib. D'après ibn al Athīr, après Uhud, le Prophète épousa 5. Zaynab bint Khuzaymah et cela rétablit les liens avec Amir ibn Sa'saa et sa tribu. Ces quatre épouses étaient mariées au Prophète avant l'autorisation d'en épouser davantage. 

Le verset (33:50) autorisant de nouveaux mariages, le Prophète fit quelques mariages supplémentaires. 6. Umm Salama était parmi les émigrés d'Abyssinie, qui retourna à Yathrib. Lorsque son époux mourut au front à Uhud, il lui proposa le mariage et elle accepta. 7. Rumlah bint abū Sufyān était la fille d'un des hommes les plus influents de la Mecque, qui s'islamisa lors de la prise de la Mecque. En tant que fille de l'ennemi juré du messager, les fidèles se retenaient de la prendre comme femme. 8. Juwayriyyah était la fille du chef de clan d'al Hārith. 9. Safiyya ex-épouse du chef des banū Nadīr, et Rayhana de la tribu des banū Qoraidha établissaient un lien entre les fidèles et les israélites, la première servit à la libération des membres de sa tribu malgré leur trahison. 10. Maria était une esclave égyptienne offerte par un patriarche byzantin pour tisser un lien de bonne entente avec les arabes. 11. Zynab bint Jahche était issue des banū Assad par son père et liée aux Hachémites par sa mère, or les banū Assad étaient une très importante famille très influente au Proche-Orient. 12. Maymūna était Hachémite, fille de son oncle converti, Abbas. Deux fois veuve, elle envoya une lettre au Prophète lui proposant de la prendre pour épouse, celui-ci accepta sa demande et ils se marièrent. Ces nouveaux mariages renforçaient tous les liens tribaux, du fait des tensions entre clans. 




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V. De l'Esclavage

A. Introduction :

Un autre points très sensible et soulevant beaucoup de questionnements est l'esclavage dans l'islam primitif. Il peut en effet  être choquant de trouver la mention d'esclaves dans le Coran, et même des versets commandant la mise en captivité et la vente de prises de guerre. 

Dans cet article, nous allons étudier ce sujet très épineux. Voir également notre article dédié ailleurs : Versets coraniques et esclavage.




II. Situation de l'époque :

La mise en captivité était jusqu'à l'ère moderne une pratique largement répandue. Le monde Arabe ne faisait pas exception. 

L'esclavage était pratiqué sur tous les continents, mais cela ne heurtait pas les populations, parceque les fossés entre classes sociales étaient déjà tant marqués, et que le statut des esclaves ne choquait pas. Car, même entre hommes libres, il y avait une distance sociale très prononcée. Le plus aisé ayant parfois droit de faire violence envers le moins aisé.

L'Occident ne pensera à légiférer le statut des esclaves plus d'un millénaire plus tard qu'en islam, avec le code noir en 1696, pour la gestion des esclaves en territoires coloniaux.


III. Le Coran et les esclaves : 

III.1. Provence des esclaves : 

III.1.a. Achat d'esclaves déjà en captivité.

Plusieurs versets mentionnent des esclaves, avant l'autorisation de combattre les agresseurs. En effet, il existait des esclaves avant l'avènement du l'islam.

■ 90:12- 14 Et qui te dira ce qu'est la voie difficile ? C'est délier un joug [affranchir un esclave], ou nourrir, en un jour de famine.


III.1.b. Mise en captivité autorisée des prises de guerre, chez les populations ayant capitulé.

Certains versets mentionnent la mise en captivité des prisonniers de guerre.

■ 8:67-69 Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d'avoir prévalu sur la terre. Vous voulez les biens d'ici-bas, tandis qu'Allah veut l'au-delà. Allah est Puissant et Sage. N'eût-été une prescription préalable d'Allah, un énorme châtiment vous aurait touché pour ce que vous avez pris. [de la rançon]. Mangez donc de ce qui vous est échu en butin, tant qu'il est licite et pur. Et craignez Allah, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

■47:4 - Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux.


III.2. Statut légiféré à leur égard :

III.2.a. Droit d'être logé, vêtis et nourris convenablement.

■ 4:36 - Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (...) les esclaves en votre possession, car Allah n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant.


III.2.b. Droit de mariage, y compris avec une femme ou un homme libre.

■2:221 - Et n’épousez pas les femmes associatrices tant qu’elles n’auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu’une associatrice même si elle vous enchante. Et ne donnez pas d’épouses aux associateurs tant qu’ils n’auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu’un associateur même s’il vous enchante.


III.2.c. Droit de ne pas être battu.

■ 4:36 - Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (...) les esclaves en votre possession, Allah n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant.


III.2.d. Droit de négocier un contrat de rachat de sa liberté après un bon comportement.

■ 24:33 -  Et que ceux qui n’ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu’à ce qu’Allah les enrichisse par Sa grâce. Ceux de vos esclaves qui cherchent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous reconnaissez du bien en eux; et donnez-leur des biens d’Allah qu’Il vous a accordés.


III.3. Mécanismes de libération :

III.3.a. Mariage, les umm walad.

Une façon pour un esclave d'acquérir sa liberté était pour les femmes d'avoir un enfant de leurs mariages avec leurs maîtres. Une fois ayant mis bas, elles ne pouvaient pas être esclaves, avec un enfant libre comme maître.

■2:221 - Et n’épousez pas les femmes associatrices tant qu’elles n’auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu’une associatrice même si elle vous enchante. Et ne donnez pas d’épouses aux associateurs tant qu’ils n’auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu’un associateur même s’il vous enchante.


III.3.b. Travail, mukātabah.

Une autre façon de devenir libre pour les esclaves était le contrat de rachat. Lorsque l'esclave n'avait pas de mauvais comportement à son actif, le maître devait accepter un tel contrat (mukātabah). Ainsi l'esclave trouvait un travail à des heures convenues afin de gagner de l'argent et payer sa caution.

■ 24:33 -  Et que ceux qui n’ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu’à ce qu’Allah les enrichisse par Sa grâce. Ceux de vos esclaves qui cherchent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous reconnaissez du bien en eux; et donnez-leur des biens d’Allah qu’Il vous a accordés


III.3.c. Mécanismes d'affranchissement.

Le Coran instaure également des actes d'affranchissements imposés aux maîtres, à certaines occasions. Comme acte de piété, comme expiation pour des erreurs commises. Ou encore par la main du pouvoir en place, à partir de la zakāt.

■Cf (90:12-13), (16:71), (2:177), (4:92), (24:33), (58:3), (5:89) & (9:60).


III.4. Droits des esclaves :

III.4.a. Droit à la vie.

Le Coran mentionne le droit du talion pour le meurtre d'un esclave.

■ 2:178 - O les croyants ! On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme.


III.4.b. Droit à l'intégrité physique.

Le Coran mentionne le droit du talion pour la mutilation ou des  blessures sur un esclave.

■ 5:45 - Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes.


III.4.c. Droit au respect.

Un verset commande de même d'agir avec bonté envers les esclaves.

■ 4:36 - Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant.


III.4.d. Droit au mariage.

Le Coran recommande de marier ses esclaves hommes ou femmes. Il permet également des mariages esclave-libre, dans les deux sens.

■ 24:32 - Mariez les célibataires d’entre vous et les gens de bien parmi vos esclaves, hommes et femmes. S’ils sont besogneux, Allah les rendra riches par Sa grâce. Car (la grâce d’) Allah est immense et Il est Omniscient.


III.4.e. Droit de travailler.

L'esclave peut travailler avec un arrangement que son maître est commandé d'accepter si celui-ci a un bon comportement, en sorte de pouvoir racheter sa liberté.

■ 24:33 -  Et que ceux qui n’ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu’à ce qu’Allah les enrichisse par Sa grâce. Ceux de vos esclaves qui cherchent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous reconnaissez du bien en eux; et donnez-leur des biens d’Allah qu’Il vous a accordés


III.5. Femmes esclaves :

Un point épineux dans ce domaine déjà si sensible, est la question des relations charnelles du maître avec une femme esclave permise en islam. En effet, le Coran permet le mariage du maître avec une ou plusieurs de ses esclaves.

Il faut ici préciser que les relations du maître avec les femmes esclaves n'était pas systématique. Il arrivait que la femme soit mariée à un autre homme, libre ou esclave. Ou qu'elle reste simplement célibataire. Le cliché des femmes esclaves toutes au service sexuel de leurs maître est en effet anti-historique.


Marché aux esclaves au Caire, Maurycy Gottlieb, 1877.


Le Coran permet bien d'épouser des captives, et non le fait d'en abuser (2:221), (33:50), (33:52), (4:3), (4:24) & (24:32).. Ce qui serait incompatible avec le verset coranique commandant d'agir en bonté envers les esclaves. Chaque passage mentionnant les relations charnelles avec les captives parle bien de mariage.

L'idée que les maîtres seraient autorisés à violer les femmes esclaves est une erreur de jugement découlant du manque de connaissance sur la mentalité arabe. La fierté arabe, faisait que quémander une relation à une femelle était un déshonneur. Un mâle que son épouse repoussait aurait vite fait de la répudier. Par ailleurs, le verset commandant d'agir en bonté envers les esclaves en général rend une telle pratique contraire à l'esprit du Coran. Le Prophète Muhammad fit affranchir une captive du fait d'une seule gifle.

عن زاذان أبي عمر، قال: أتيت ابن عمر وقد أعتق مملوكا، قال: فأخذ من ا.لأرض عودا أو شيئا، فقال: ما فيه من الأجر ما يسوى هذا، إلا أني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول : من لطم مملوكه، أو ضربه، فكفارته أن يعتقه

"Celui qui a giflé ou frappé son esclave, son expiation est de l'affranchir"[1].



III.6. Abolitionisme : 

Quoi qu'autorisant et organisant l'esclavagisme, le Coran incorpore des mécanismes permettant techniquement la mise en place d'un processus afin d'arrêter tout esclavagisme. Même les sociétés musulmanes les plus récalcitrantes à l'abolition de l'esclavage -dû au fait que le Coran le permet-, pourraient donc parvenir à le légiférer en conformité à l'esprit du Coran.


III.5.a. Possibilité de stopper la mise en captivité :

Le Coran permet en effet au Émir de mettre les prises de guerre en captivité, ou de les laisser libre moyennant des impôts.

■47:4 - Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux.


III.5.b. Possibilité de financer l'affranchissement organisé de tous les esclaves du territoire avec la zakāt :

Le Coran stipule que la zakāt peut être employée dans le but d'affranchir les jougs des esclaves, une politique sociale conforme au Coran peut donc servir à affranchir tous les esclaves.

■9:60 - La zakāt est exclusivement destinée aux pauvres, aux indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’Islam), l’affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et pour le voyageur (en détresse). C’est un décret d’Allah! Et Allah est Omniscient et Sage.


III.5.c. Possibilité de signer un pacte interdisant la mise en captivité les pisonniers de guerre avec les nations ennemies :

Le Coran commande d'honorer ses engagements et pactes, chartes. Ainsi, un pacte interdisant la mise en captivité liera bien tous les musulmans tant que cela sera respecté par toutes les parties.

■5:1 - Ô les croyants ! Remplissez fidèlement vos engagements.



En conformité parfaite avec le Coran, il devient ainsi possible de révoquer une abondante littérature liée aux usages touchant l'esclavage, ses modalités et ses règles. Ce qui pouvait paraître improbable de prime abord.






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[1] al Jāmi'us Sahīh, Muslim.






dimanche 25 octobre 2020

VI. Du Coran

Introduction

Le Coran est l'objet de critiques diverses, portant sur sa structure, ses sources, ses enseignements, ou la pertinence de son contenu. Dans le présent article, nous nous arrêterons sur les critiques les plus pertinentes, et ferons une analyse logique formelle afin d'en étudier la consistance.

Nous ne nous arrêterons pas sur les critiques d'ordre subjectives, et non vérifiables.


B. Sources du Coran : 

Le Coran et Les Écrits Apocryphes.


Depuis l'époque de sa rédaction, le Coran a été interrogé quant à sa source d'inspiration. Les chrétiens découvrant le livre y ont retrouvé une signature chrétienne, arienne, agarienne. Les lettrés Juifs y ont identifié une griffe midrachique et des échos talmudiques. Certains y ont encore cherché des inspirations mazdéennes, ou encore mithraïstes. Qu'en est-il concrètement ?


B.1. Source chrétienne :

Le Coran se revendique confirmer les anciennes révélations, chrétienne et Juive. En ce sens, le fait de retrouver des récits rejoignant des passages de la Bible sont un fait reconnu par le Coran. Néanmoins il y a des assertions affirmant que le Prophète aurait soit été un prêtre arien, soit été influencé par un moine nestorien, ou arien. 

B.1.1. Muhammad serait un prêtre hérétique chrétien :

Du point de vue chrétien, le fait de voir en le Prophète un prêtre chrétien hérétique est compréhensible. Car du vivant du Messager, il existait encore un grand nombre de courants chrétiens non orthodoxes. L'islam reconnaissant la messianité de Jésus et ayant une appréhension particulière sur le plan eschatologique et christologique. Il est donc ici question de croyance. 

Il n'y a donc pas grand chose à dire de plus sur ce plan. Sinon que le Jésus coranique correspond davantage au personnage historique, que celui des courants chrétiens dominants, orthodoxe ou catholique. Il ne se revendique pas dieu, enseigne la Thora et les prophètes.


B.1.2. Muhammad aurait un informateur :

Une seconde thèse est que Muhammad aurait un, voire plusieurs informateurs chrétiens. On cite dans ce sens deux candidats. Un oncle de Khadija, première épouse du Prophète nommé Waraqah, et un certain prêtre que le grand-père de celui-ci aurait croisé lors d'un voyage en Syrie avec son petit fils alors âgé de quelques années. Or, le premier, Waraqah est mort avant l'avènement de l'apostolat du prophète. Et n'a pas pu suivre celui-ci lors de sa mission. Et le second n'aurait croisé Muhammad que brièvement, alors que celui-ci était enfant. Les deux récits sont par ailleurs considérés faibles.

Or, en mettant que le Prophète aurait un informateur ou même plusieurs, cela n'aurait rien de préjudiciable quant à sa mission de prophète. En effet, tous les anciens prophètes consultaient les rouleaux de la Bible, n'hésitant pas à en citer des passages. Cette critique ne montre donc pas que Muhammad aurait fait une imposture en ayant accès aux anciennes écritures. Il faudra donc plutôt étudier les divergences du Coran avec les anciennes écritures afin d'en vérifier la pertinence.


B.2. Sources juives :

Les informations du Coran sur l'exode, Moïse et cetera sont connues. Ce qui est moins connu, ce sont des passages du Coran évoquant des midrachim et extraits du Talmud. Ce qui a, comme avec les érudits chrétiens suscité l'idée chez certains, comme Patricia Crone et Michaël Cook, d'une origine juive du Coran, ou une marque judaïque du moins. La thèse Hagarienne soutient que l'islam serait à l'origine une secte juive messianique. Comme pour le pendant chrétien, cette thèse n'est pas qu'une simple idée sans fondement. Mais plutôt le résultat d'une mentalité antijuive des byzantins, comparant l'islam naissant à une nouvelle secte juive. Pratiquement, cela n'a pas d'incidence sur la crédibilité du Coran.

Comme pour les théories supra, il faut plutôt fonder une critique construite sur une approche paléographique et historico-critique du Coran, afin de situer le Coran par rapport aux écritures judéo-chréetiennes. Nous renvoyons donc d'ici aux articles suivants où nous en avons traité :

Le Coran, comme source d'informations prémassotétiques.

Le Coran et les récits apocryphes.


Dans le dernier article, nous avons montré que l'idée que le Coran soit forcément erroné quand il diverge de la Bible est une erreur scientifique. En fondant notre analyse non pas sur les écrits réputés antérieurs au Coran, mais ceux qui lui ont matériellement préexisté.


C. Structure & composition : 


C.1. Le Coran aurait une structure désordonnée et serait une compilation composite de textes anciens :


Jusqu'à une époque très récente, le Coran était tenu pour une oeuvre réalisée sur plusieurs siècles et achevée dans le courant du IXeS. L'absence matérielle de manuscrits antérieurs au neuvième siècle et l'apparence décousue et sans fil conducteur du Coran semblant témoigner d'un tel état de fait. Or, plusieurs avancées majeures ont montré que cela n'était pas exact.


Coran de Birmingham, daté comme remontant vers 567 et 645. 


L'apparence décousu et le manque de support matériel confortant le Coran avant le IXeS conduisit certains chercheurs à soutenir la thèse qu'il serait le produit progressif d'une tendance arabe à rechercher un canon religieux. L'idée qu'il s'agirait d'un lexicaire d'écrits épars judéo-chrétiens fit son chemin, jusifiant d'une traite l'origine de l'ouvrage, ses similitudes aux écrits antérieurs, l'absence d'une collection entière jusqu'au neuvième siècle, et l'apparence décousue du livre.

Mais cette théorie s'estompat progressivement à partir de la deuxième moitié du XXeS. D'abord, des manuscrits originaux du Coran remontant pour certains selon les méthodes de datation absolue à l'époque des premiers caliphes, montrait que le support consonnantique du Coran était fondé dès l'époque des premiers témoins. Des manuscrits furent consécutivement retrouvés à Fustat, au Caire ou encore à Sanaa par dixaines. La thèse radicale d'une recension progresive était ainsi infirmée matériellement.

Plus récemment, une réponse scientifique à l'apparence décousue du livre a vu le jour. En effet, les soutrates étaient en réalité construites suivant des jeux de symétries thématiques, s'organisant suivant un procédé rhétorique sémitique. Cette découverte consolidant ainsi à la fois l'origine unique du Coran vers le VIIeS. Mais également la conservation très fidèle de la version voyellisée telle qu'elle a été retenue historiquement lors de la réforme de l'écriture arabe.

Soutenir une voyellisation forcée du Coran après la réforme de l'écriture arabe, quand le Coran circulait depuis trois siècles, était récité dans les prières et servait de source aux juristes, reviendrait à soutenir qu'un ouvrage classique aurait été modifié, sans en bouger les consonnes, et qu'aucune personne ne s'en rende compte. 

En effet, il aurait été impossible de dévoyer le texte du Coran de sa version connue, lors de la réforme de l'écriture arabe au IXeS, alors que l'ouvrage était le livre sacré de millions de fidèles. Qui plus est, en sorte de lui attribuer une structure aussi élaborée.

La découverte d'un palimpseste parmi les 53 Corans découverts à Sanaa a révélé qu'un manuscrit de Coran avait été gratté et réécrit. Le texte inférieur différent du texte canonique. Consolidant ainsi les chroniqueurs musulmans mentionnant la destruction sous Uthman Ier de variantes secondaires. Par ailleurs, parmi les corans détruits figuraient des variantes mentionnées dans les ouvrages anciens confirmant des variantes selon Abdallah ibn Mas'ud et Ubay ibn Ka'b [1]. Loin de remettre en question la fidélité des récits des chroniqueurs quant à la compilation du Coran, ces découvertes en ont consolidé la fiabilité et la neutralité.


C.2. Le Coran contiendrait des incohérences internes :



Une des allégations touchant le Coran, serait qu'il contiendrait des contradictions internes. Or, le Coran soutient qu'il ne comporte pas de contradiction. Il serait pour le moins insensé qu'un écrit défiant ses détracteurs de produire pareil oeuvre contienne des contradictions. Nous avons rédigé un article spécialement pour traiter de ce point, dont un lien est donné plus haut. Vu l'ampleur du sujet, il fallait le traiter en particulier. 


D. Contenu & enseignements : 

Le Coran a également été critiqué au sujet de ses enseignements, et la vraisemblance de ses récits. Il était divergent de la Bible, apparaissait contenir des récits mal compris de celle-ci, et enseignant des usages différents. Certains ont cherché à y trouver des incohérences historiques, scientifiques ou encore des contradictions  voir, des erreurs de grammaire. Nous renvoyons les personnes intéressées à nos articles en traitant car ce donaine est vaste, voir Étude Critique du Coran et Paleo islam.


D.1. Le Coran et la Bible :

Une des critiques fondamentales du Coran concerne ses divergences par rapport à la Bible, point d'autant plus souligné que le Coran s'identifie dans la continuité de la Bible.

En fait, nous pouvons organiser cette partie en deux branches. L'une, sur les divergences du Coran vis-à-vis de la Bible sur le plan cultuel d'une part, et les divergences sur le plan historique d'autres part.


D.1.1. Le Coran et la Loi :

Le Coran reconnaît les anciennes révélations comme émanant d'Allah, mais les attribue aux enfants d'Israël. En effet, la loi de Moïse que le Coran fait reconnaître et alléger à Jésus est adressée à eux, ne liant donc pas les autres peuples. Par conséquent, le fait que le Coran se revendique de Noé et d'Abraham est bien en conformité avec la Bible. D'autres part, le Coran identifie Muhammad comme le prophète annoncé par Moïse, qui doit selon le Deutéronum avoir l'autorité de transgresser la Loi de la Torah, du fait qu'il arrivera vers la fin des temps[2],[note].


D.1.2. Les récits des anciens : 

Le Coran reprochant aux anciens d'avoir déformé la façon de lire leurs écritures saintes, diverge sur les récits des anciens, s'éloignant de la version post-massoretique, et rejoignant les acquis archéologiques. Ainsi, le récit des fils d'Adam est épuré de la maîtrise de l'élevage et de l'agriculture, choses impossibles chez les premiers humains. Le récit de Noé devient une inondation locale, ne visant que les hommes de sa communauté. Le règne de Jacob en Égypte est affirmé, chose confirmée archéologiquement, puisque des canannéens ont bien règne sur l'Égypte dont un certain Yaqub har [4] à l'époque concernée. La fuite des enfants d'Israël ne se fait plus à l'intérieur du territoire égyptien, au désert du Sinaï mais au-delà de la terre promise, dont les fuyards sont dit avoir hérité après quarante ans d'errance. Jésus n'est plus un demi-dieu, mais le Messie d'Israël, reconnaissant la Loi et s'adressant aux israélites. Nous avons étudié ce sujet dans un autre article, nous renvoyons donc les intéressés vers ces articles dédiés.

Il y a cependant des ambiguïtés sur l'identification de certaines figures historiques. Par exemple Hāmān cité dans le Coran parallèlement à Pharaon au temps de Moïse, dont la Bible ne fait pas mention. Un Haman est cité dans la Bible dans le livre d’Esther au chapitre 7, pour une toute autre époque. Lors de l’exil des israélites en Babylonie. Il aurait été au service d’un Roi nommé Assuérus qui aurait régné sur un territoire s’étendant de l’Inde en Ethiopie, depuis la Perse, ils auraient persécutés les Juifs et Haman aurait été pendu, pour qu’ensuite les Juifs massacrent les gens hostiles de l’Inde jusqu’en Ethiopie avec l’autorisation d’Assuérus. Cela n’est évidement pas fondé dans l’histoire de la Perse qu’il y ait eu une conquête de districts de l’Inde en Ethiopie ni de roi nommé Assuérus. Ce n’est d’ailleurs pas le seul personnage biblique qui n’est pas du tout connu dans la réalité [note]

La mention de Hāmān dans le Coran vient en  (28: 6,8,38), (29: 38,39), (40: 24,36-7), il serait question du dieu Amon [note]

Il y a pareillement une ambiguïté sur deux passages où dans l'un d'eux le Coran désigne Marie comme "soeur d'Aaron", et un second où il nomme le grand-père de Marie Imrān. Une proximité avec Myriame, soeur de Moïse et d'Aaron, dont le père est nommé Amram dans l'Exode prête à confusion. Cependant c'est là une comparaison hâtive.

Le fait de citer une personne à côté d'une autre illustre était d'usage à l'époque. Mais alors pourquoi Aaron, et pas Moïse ? Il y avait environs quatre-millions de juifs dans l'empire Romain du vivant de Marie, la probabilité qu'elle ait un frère nommé Aaron, du nom de leur ancêtre commun est plus que probable statistiquement, d'autant plus que le nom de soeur était employé pour les liens de cousinage dans un sens plus large. Or, qu'un Aaron respecté, cousin de Marie, existe à l'époque est même inévitable. 

Quoi qu'Amram et Imrān soient phonétiquement proches, ils ne sont pas identique. Les noms des parents de la vierge Marie ne nous sont pas connus de façons sûre, cependant certains écrits tardifs les nomment Hanna et Johachim. En fait, Johachim signifie "Dieu dresse", en arabe la racine عمر [ʔmr] a entre autre le sens de dresser, entretenir, de prospérer (Cor. 9:18). On dira عمر دارًا [ʔmara dāran] pour le dressement d'une maison. C'est la racine du nom عمرن  [Imrān], il s'agit du schème فعلان [fiˤlān]. Le nom Imrān est donc une arabisation du nom de Johachim. La prononciation du prénom Johachim [יְהוֹיָקִים] en arabe suscite en effet un calembour, signifiant "stérilise" [يعقىم]. Il y a donc également antynomie entre le sens de Johachim en hébreu ou En arabe  translittéré : stérile >< prospère. Il aurait été maladroit de dire : "L'épouse de Stérilise dit : 'Comment aurai-je un enfant, alors que je suis stérile et que mon mari est âgé ?'.

Dans la culture sémitique, il est d'usage de traduire dans sa langue le sens du nom d'une personne portant un nom étranger, comme يحيى pour Jean, Juan ou Jan, ou  زهرة pour Fleur. De plus lorsqu'un prénom avait un sens négatif ou péjoratif, il était d'usage de le changer. Comme avec Abraham et Sara dans la Bible. Pareillement, dans la Bible, le beau-père de Moïse est tantôt nommé Jethro [יתרו] (Ex.3,1), tantôt Re'uil [רעואל] (Ex.2,18). Cette souplesse à modifier les noms est assez caractéristique chez les anciens peuples sémites, quoi que cela puisse dérouter un lecteur moderne.

Un principe similaire justifie les prénoms Asiya et Chu'ayb du Coran. Asiya signifie "rebelle", plausiblement pour la femme de Pharaon qui le renia pour la cause de Dieu [5]. Le nom de Jethro vient du grec, signifiant excellence, et prête à calembour [جثر] qui signifie perche, pareil pour Rawīl qui contient  [وىل], signifiant "malheur", double souci puisque רעו signifie "mauvais" en hébreu. Chu'ayb signifiant l'idée de "nation" ou de "prendre partie" au superlatif rend le sens du dernier retenant l'idée de pasteur.

Remarquons que  les noms de Noé, d'Adam etc., dans la Bible ne peuvent pas être les noms des personnages historiques, puisque l'hébreu est une langue extrêmement tardive dans l'histoire de l'humanité. C'est le sens de leurs noms qui est rendu... Le cas d'Imrān n'est donc pas un cas à isolé à travers les saintes écritures.


D.2. Le Coran et la science :

Le Coran dans sa version originale en arabe a la particularité d'être rédigé dans un style très particulier. Il ne contient pas de donnée chronologique ou toponymique, et comme il use largement de mots polysémiques, et a un style d'une sereine simplicité. Ce qui conduit à ce qu'il devienne impossible d'y trouver une incohérence, une contradiction ou une erreur scientifique. Cette particularité extraordinaire du Coran est défendue par le Livre comme la marque de Dieu. Le Livre touche à tous les domaines, et demeure inattaquable. Il met en défi ses interlocuteurs de tenter de rédiger un ouvrage fût-il partiel aussi éloquent et affirme que nul n'en sera apte. Ainsi, le Coran est un ouvrage à part, inattaquable quant à son contenu. Le Coran n'ayant pas pour vocation d'enseigner les sciences, le fait qu'il ne soit pas en conflit avec les acquis scientifiques suffit de fait au fidèle pour s'accommoder des progrès techniques et technologiques. 










_______________________

[1] Kitāb al-maṣāḥif, Ibn Abī Dāwūd.

[2] Voir commentaire de Rachi touchant le verset (Devarim, 18:18-19). 

[3] Selon ce verset, lorsque le Messager oubliait un passage du Coran, il en recevait un semblable ou un meilleur. Cela signifie, que plusieurs variantes ayant dû être mémorisées par les fidèles ont dû coexister après lui.

[4] Il est génétiquement parlant acquis qu'un cananéen remontant au XVIeS BC doit être un ancêtre commun de tous les individus de la région plus de quatre siècles plus tard, vu la faible démographie à cette époque.

[5] Sachant qu'il était d'usage de nommer les épouses de pharaon par "Aimée d'Amon", "La plus belle de toutes", etc.




samedi 24 octobre 2020

VII. Du Prophète Muhammad

A. Introduction :

Le prophète Muhammad a, comme tout grand homme été la cible de critiques diverses. Avait-il existé ? Était-il sain d'esprit ? Qu'en était-il de sa moralité et de ses enseignements ? Les hadiths étaient-ils vraisemblables, ou même possibles ? 

Dans cette partie, nous étudierons ces sujets, sur base des critiques les plus pertinentes. Et veillerons à clarifier ces points d'interrogations.



Représentation artistique du Prophète sur un bas-relief.


B. Analyse des critiques : 

B.1. Historicité : 



L'historicité de Muhammad n'est pas sujette au doute. En effet, il existe un faisceau d'écrits contemporains qui en témoignent, à commencer par les manuscrits du Coran remontant à son époque. Ayant fait une étude détaillée à ce sujet dans l'article donné en lien plus haut, nous renvoyons les intéressés à cet endroit.


B.2. Était-il un imposteur ?



Certains critiques, ont vu en Muhammad tantôt un prêtre arien hérétique, tantôt un homme se faisant instruire par un certain prêtre arien ou nestorien. D'autres y ont vu un juif messianiste et ont cherché à appuyer cette hypothèse par des enseignements du prophète consolidant des écrits juifs.

Il n'est évidemment pas possible de deviner les intentions intimes d'un individu. Or, il y a des éléments logiques qui montrent que ces critiques n'ont pas de poids contre ses enseignements. En effet, l'accès aux anciennes écritures comme le choix de sources particulières n'est pas propre au prophète de l'islam. Tous les prophètes recourraient aux écritures, et le statut de canon ou d'apocryphe changeait au fil des temps et des milieux : ces critiques ne sont donc pas d'ordre à servir de preuve sur une éventuelle tricherie du Prophète.


B.3. Était-il saint d'esprit ?

(Cor. 68:2) : "Tu (Muhammad) n'es pas, par la grâce de ton Seigneur, un fou."


Certaines critiques consistent en la remise en question de son équilibre mental. Ici encore  s'aventurer à une psychanalyse d'un homme ayant vécu il y a plus d'un millénaire n'a aucun sens. Néanmoins, il est intéressant de citer le verset supra, qui montre le sens autocritique du personnage. En effet, il n'est pas facile pour un esprit rationnel et critique, de se convaincre que l'inspiration de phrases saintes ne provienne pas de son propre esprit. En ce sens, ce verset est une preuve que le Messager était un homme très conscient d'être le lieu d'un phénomène très déroutant. 


B.4. La moralité du Prophète :



Comme pour les points soulevés jusqu'ici, il ne s'agit pas d'une critique pertinente sur le plan théologique. Il est évident que le Prophète bousculait les mœurs de son milieu, néanmoins, il y apportait plus de stabilité sociale, un soutient aux plus faibles. Nous renvoyons donc d'ici aux articles traitant de ses enseignements qui montrent la perspicacité et l'équilibre de ses jugements. 


B.5. Les hadiths sont-ils fiables ?



La fiabilité des hadiths est souvent remise en question, du fait que les écrits remontent à une époque tardive par rapport au Messager. Néanmoins, nous avons montré dans les articles mis en liens supra que cette idée est une erreur de jugement. Nous invitons donc les intéressés à consulter ces articles pour s'en convaincre.



C. Le Prophète et les femmes : 

Un autre domaine de questionnements au sujet du Prophète est une idée voylant que celui-ci aurait été avide des femmes, et violent. Nous avons traité de ces deux points ici, nous renvoyons donc les intéressés à consulter cet autre article à ces propos.





















vendredi 23 octobre 2020

VIII. Contradictions Dans le Coran ?

  You2be 


A. Introduction

Le Coran Comme Source d'Informations Prémassorétique.

Le Coran et Les Écrits Apocryphes.


Une des critiques émise  à l'encontre du Coran est l'affirmation qu'il contiendrait des contradictions internes. Ayant largement traité au sujet de ses divergences avec les écrits judéo-chrétiens ailleurs, nous ne nous y attarderons pas ici, et renvoyons les lecteurs intéressés à ce sujet aux autres articles traitant de ce domaine d'étude.




Étant donné qu'une présentation systématique de toute prétendue contradiction alourdirait la présente étude, nous allons opérer suivant une démarche plus radicale. Dans un premier temps, nous nous arrêterons sur les dimensions techniques à devoir maîtriser avant d'aborder le sujet. Nous examinerons dans un second temps une série de cas de prétendues contradictions, retenues comme méritant notre attention et montrerons qu'il s'agit d'erreurs d'appréciation. Finalement nous terminerons par les conclusions de notre étude.


B. Approche épistémologique :

Une critique textuelle du Coran, implique la maîtrise au préalable de sa langue de rédaction et ses subtilités. À défaut de pouvoir enseigner cette langue à travers un article, nous allons exposer quelques éléments de données permettant de se faire une idée sur l'importance de sa maîtrise pour une lecture exacte du Coran. Nous ferons des explications au sujet de l'importance de la sémiologie, du lexique, de la sémantique. 


B.1 Quel Coran ?

Lorsque nous abordons une critique d'ordre avancée du Coran, il est impératif de se référer à la version primitive, en arabe ancien du livre. En effet, essayer une critique textuelle d'un ouvrage sur base d'une traduction ne serait autrement en aucun cas concluant. Les points abordés infra monteront l'importance de ce point central de notre analyse.

En arabe, absolument tous les mots se construisent d'une façon géométrique autours de quelque 9.273 racines [1], dont 1.726 employés dans le Coran [2], formées de deux, trois ou quatre consonnes. Ces  racines, bi-, tri- ou quadrilitère, sont déclinées respectivement sous formes de noms, verbes, adjectifs, adverbes... Le sens des racines est la composante du sens des lettres considérées isolément (lemmes). Chaque lettre dérivant d'un syllabe désignant une chose (sème) [note]. Par exemple "ا" [alef] désigne le taureau, qui est un symbole de force, de pouvoir, d'énergie... La lettre "ر" [rā] désigne la tête, et renvoie à l'idée d'individu, de direction, de caractère identitaire. Ou "م" [mīm] désigne l'eau, l'idée de vie, de science, subsistance, etc. Ainsi, "ملك" [mīm-lām-kāf] est l'union des idées de savoir, vie, subsistance [mīm/eau], de direction, correction, autorité ; [lām/bâton] et de possession, demande, soumission ; [kāf/paume de main]. Cette racine donne les mots : esclave, roi, biens possédés, propriétaire etc.



L'origine de l'alphabet arabe coranique. (Approche du Coran par la Grammaire et le Lexique, M. Glotton)

Cette structure sophistiquée de l'arabe, explique la difficulté à automatiser la traduction de textes depuis cette langue vers les autres langues. De par sa construction très particulière et du fait du caractère très spécial de la langue arabe, il devient donc très clairement insensé de chercher des contradictions dans le Coran.


B.2. La dimension sémantique :

Une personne maîtrisant au moins deux langues relativement éloignées l'une de l'autre se rend aisément compte de l'importance de la dimension sémantique pour la bonne compréhension de ce qui se dit à travers des mots. En effet, plus une langue est éloignée d'une autre, plus les tournures, la portée des mots et les idées véhiculées sont difficiles à rendre de l'une à l'autre. Néanmoins un esprit critique peut aisément comprendre que chercher à réaliser une critique textuelle avancée d'un écrit sur base de une ou plusieurs traductions ne peut pas être concluant. 

En réalité, une personne un minimum initiée sait que la traduction du Coran vers les langues modernes se fonde sur les interprétations des anciens, lesquels sont, pour les plus anciennes, de plusieurs siècles postérieurs à sa rédaction. L'arabe moderne lui-même s'étant éloigné de l'arabe liturgique du Coran, et aucun dictionnaire contemporain du Coran n'ayant jamais existé. 

La dérive sémantique est en effet inévitable, aussi incontournable que la loi de la gravité. L'usage des mots, leur sens et la signification dont ils sont porteurs dérive au gré des générations. Ainsi, même en langue française qui est écrite et codifiée depuis des générations, certains écrits anciens peuvent prêter à confusion. Ainsi, Blaise Pascal écrivait en 1669, dans ses Pensées : "Nous avons une telle estime de l'âme, que nous ne pouvons souffrir de n'avoir pas l'estime d'une seule âme". Ici, le terme souffrir est employé dans le sens de supporter. De même un jeune d'aujourd'hui pourra dire : "Il craint !", pour une personne qu'il admire ou au contraire lui inspire le doute, le dégoût ou la pitié.

L'impression que les ressemblances entre les diverses traductions de vulgarisation du Coran serait une preuve de fiabilité découle donc d'une méconnaissance technique sur le sujet. Les traductions de vulgarisation du Coran ne sont point susceptibles de servir de base suffisamment fidèle pour une critique d'un niveau avancé du Coran.


C. Approche technique :

(Cor. 4:82) : "Ne méditent-ils donc pas au sujet du Coran ? S'il venait d'un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions."


Une approche technique de la question consolide l'inattaquabilité du Coran.  Le Coran suit une démarche ultra-synthétique, pas de date, pas de donnée toponymique, presque aucun nombre, lesquels ont par ailleurs des sens symboliques dans les langues sémitiques. Il rapporte les récits des anciens en sens, afin d'en tirer des leçons. Ajoutons à cela que quasiment tous les mots qu'il emploie son polysémiques.  En outre, le verset supra dit qu'il n'existe pas de contradiction dans le livre. D'un point de vue technique, cela signifie que vu la polysémie de la plupart des mots employés à travers le Coran, même si plusieurs sens sont possibles, il faut sélectionner ceux qui sont concordants avec l'ensemble de l'ouvrage. Ainsi, ce verset implique techniquement que le sens final restera à jamais consistant et cohérent. 

Concrètement, pour la lecture d'un texte en langue arabe, il faut connaître le thème, ainsi souvent, un lecteur se trouvera à relire plusieurs fois un texte, verticalement, ou en oblique afin d'en saisir le sujet. Par exemple, un texte peut être d'ordre philosophique, journalistique, littéraire etc. Du fait de la polysémie et de la structure caractéristique de la langue [3], avant de se fixer sur quelles significations saisir des mots, il faut les recouper entre-eux de manière systématique. En termes de linguistique, cette méthode est nommée analyse distributionelle des significations et des champs sémantiques. 


D. Approche ontologique :

Voir article : Logique Structurale du Coran.

Il faut pour compléter le tableau, s'arrêter sur le sens final des versets du Coran. Si ils ne sont pas contradictoires, pourrait-on y montrer des erreurs ?

(Cor. 27:84) : "Quand ils seront arrivés, [Allah] dira : "Avez-vous traité de mensonges mes versets sans les avoir embrassés de votre savoir ? Que faisiez-vous donc ?"

Étonnamment, ici encore, le Coran ferme définitivement la boucle et scelle l'issue du sujet. En effet, le théorème d'incomplétude de Gödel démontre qu'aucune théorie récursivement axiomatisable ne peut être complète. Autrement dit, il n'existera définitivement jamais une théorie à la fois de niveau scientifique et non susceptible d'être erronée. Par exemple, même un point semblant être désormais inattaquable comme le fait que l'eau bouillit à cent degrés Celsius à une atmosphère se fonde formellement in fine sur une quantité limitée de mesures expérimentales. Ainsi, la science ne peut en aucun cas suffire à infirmer une quelconque affirmation du Coran.
 


E. Quelques exemples de prétendues contradictions :

E-1. Deux type d'erreurs se retrouvent:

X Erreur d'interprétation, chronologie, contexte, ...

Le Coran se contredit-il sur le sujet de l'ordre de la création du ciel et de la terre ? Comment comprendre les deux passages suivants ?

(Cor. 79:27-33) : "Êtes-vous plus durs à créer, ou le ciel, qu'Il a pourtant construit ? Il l'a élevé en grandeur, puis l'a égalisé. Il a assombri sa nuit et fait luire son aube. Et quant à la terre, après cela, Il l'a ployée et lancée [note] [4]. Il a fait sortir d'elle son eau et ses provisions, et quant aux montagnes, Il les a ancrées, pour votre jouissance, vous et vos bestiaux."

(Cor. 41:9-12) : "Dis : "Renierez-vous [l'existence] de celui qui a créé la terre en deux temps, et Lui donnerez-vous des égaux ? Tel est le Seigneur de l'univers. C'est Lui qui a fait dedans des ancrage par le dessus, l'a bénie, et lui assigna ses ressources alimentaires en quatre temps accomplis. [Telle est la réponse] à ceux qui t'interrogent. Il S'est ensuite tourné au ciel qui était alors en fumée et lui dit, ainsi qu'à la terre : "Venez tous deux, bon gré, mal gré". Tous deux dirent : "Nous venons obéissants". Il décréta d'en faire sept cieux en deux temps et inspira à chaque ciel sa fonction. Et Nous avons décoré le ciel terrien de luminaires [étoiles] et l'avons protégé. Tel est l'ordre établi par le puissant, l'omniscient."

□ Le passage (Cor. 41, 9-12) ne dit pas que le ciel est inexistant au commencement, mais qu'au moment où l'eau a permis au relief de se former, le ciel était enfumé. Or le verset (Cor. 21, 30) affirme que dès le commencement, le ciel et la terre formaient une seule masse, mais ont été séparés.

(Cor. 21:30) : "Ceux qui ont mécru, ne voient-ils pas que les cieux et la terre formaient une masse compacte ? Ensuite Nous les avons séparés et de l'eau nous fîmes toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ?"

□ Le dit passage fait une description des étapes ayant conduit la terre à prendre forme. Concrètement la matière qui va constituer la Terre a commencé à se former dès les premières minutes de la création de l'univers, entre l'ère hadronique et l'époque de la nuccléosynthèse primordiale. 

□Soulignons la correspondance chronologique de l'âge de la Terre qui est de 4,54 × 109 ans ± 1 % milliards d'années, à 2/6 de l'âge de l'univers, qui est de 13,75 milliards d'années, sachant que les six jours de la création dont quatre conduisant à la formation de la Terre signifient des durées de temps à l'échelle Divine.

□ La confusion vient de la mention de l'état en fumée du ciel au moment où la Terre est formée. Or, vers 9,16 milliards d'années après le big bang, voir vidéo infra, cela est exact. Puisque à cette date, les étoiles explosaient massivement.



□ Par ailleurs, la fin du passage (Cor. 41:9-12) parle de l'appel par Dieu du ciel et de la terre à cette date, or, une accélération de l'expansion de l'univers est relevée précisément à cette période [5].


Y. Erreurs decoulant de subtilités linguistiques, dimension sémantique, figure de style, ... :

Trois nuits ou trois jours ? Il y a aussi des questionnements au sujet de tournures, comme avec l'annonciation de Jean à Zacharie, un passage parlant apparemment de faire voeux de silence trois jours, et un autre trois nuits. (Cor. 3:41) & (Cor. 19:10) 


قَالَ رَبِّ اجْعَل لِّيَ آيَةً قَالَ آيَتُكَ أَلاَّ تُكَلِّمَ النَّاس  ثَلاَثَةَ أَيَّامٍ إِلاَّ رَمْزًا وَاذْكُر رَّبَّكَ كَثِيرًا وَسَبِّحْ بِالْعَشِيِّ وَالإِبْكَارِ

قَالَ رَبِّ اجْعَل لِّي آيَةً قَالَ آيَتُكَ أَلَّا تُكَلِّمَ النَّاسَ ثَلَاثَ لَيَالٍ سَوِيًّا


□ En fait, le Coran rapporte les récits des anciens de manière synthétique, comme des flashs rappelant des événements importants présentés pour ce qu'ils ont à tirer comme leçons. 

□ Mais il y a ici deux autres aspects importants. a) Ce message n'est probablement pas fait de mots mais d'inspiration, d'un ressenti reçu sous forme de sens. b) Zacharie parlait araméen, or en araméen, au pluriel ţĕ̇laţ ʾīmāmā [תְּלַת איממא], ou même ţĕ̇laţ tout court, signifie parfois trois cycles. Le second terme pouvait désigner, au pluriel, une durée variable. Par ailleurs, l'idée de journées était nommée yəmāmā [יְמָמָא‎], par opposition aux nuits lēləyā [לֵילְיָא‎].

□ Enfin, selon la coutume, les jours de fêtes, y compris le chabbat, se définissent du coucher de soleil de la veille à la fin de la nuit en question. Tel était donc l'usage culturel déterminant les "jours" spéciaux. C'est donc bien le sens que Zacharie devait recevoir, que ce soit avec des mots, dans sa propre langue, ou sans mot.

□ Pour l'inspiration en sens et non en mots, il existe un autre exemple intéressant dans le Coran. Lorsqu'Allah interroge Iblis sur le pourquoi de sa désobéissance, celui-ci qualifie Adam avec des propos rapportés de différentes manières à travers le Coran : (7:12), (15:32), (17:61) & (38:76). Or, le Coran précise que plus tard, Allah apprit à Adam à employer des noms pour les choses, et le missionna de les enseigner aux Anges. Donc, au moment de la désobéissance d'Iblis, des mots n'étaient pas encore employés. C'était une spécificité d'Adam (2:31). D'ailleurs, les diables inspirent toujours les hommes au péché en le leur insufflant (113:4-5).


E-2 Exemples retenus comme méritant de s'y arrêter :

1. Qui fut le premier musulman ? Muhammad (6:14,163), Moïse (7:143), certains Egyptiens (26:51), ou Abraham (2:127-133, 3:67) ou Adam, le premier homme qui a également reçu l’inspiration d’Allah (2:37) ?

□ Les termes awwala man [اَوَّلَ مَنْ] ne sont pas dans le sens chronologique, mais dans le sens de l'engagement sincère. Comme on dirait en francais : "Je suis le premier à vouloir...". Cette erreur de compréhension est l'une des méprises induites par la distance sémantique de la langue arabe par rapport aux langues vers lesquelles elle est "traduite".

2. Allah peut-il être vu ? Est-que Muhammad a vu Allah ? Oui (53:1-18), (81:15-29) ? non (6:102-103), (42:51) ?

□ Il n'est pas question de voir Dieu dans ces deux passages, mais Gabriël sous sa forme angélique.

□ (53:1-18) : "Par l'étoile à son déclin. Votre compagnon n'est pas fou ni dans d'égarement. Et il n'est pas à parler sous l'effet de la passion. Ceci n'est rien d'autre qu'une révélation inspirée, dont l'a informé celui à la force prodigieuse, doué de sagacité; il a pris place, il était à l'horizon supérieur. Puis il s'est approché et est descendu encore plus bas, et était à deux portées d'arc, ou plus près encore. Il a révélé à son serviteur ce qui lui a été révélé. Le cœur n'a pas menti en ce qu'il a vu. Lui contestez-vous donc ce qu'il voit ? Il l'a pourtant vu, lors d'une autre manifestation, près de la Sidrat-ul-Muntahâ, près d'elle se trouve le jardin de Ma'wa, au moment où le lotus était couvert de ce qui le couvrait. La vue n'a nullement dévié ni outrepassé la mesure. Il a bien vu certaines des grandes merveilles de son Seigneur."

□(81:15-26) : "Non ! Je jure par les planètes qui gravitent, qui courent et disparaissent, par la nuit quand elle survient. Et par l'aube quand elle exhale son souffle. Ceci [le Coran] est la parole d'un noble Messager, doué d'une grande force, et ayant un rang élevé auprès du Maître du Trône, obéi, là-haut, et digne de confiance. Votre compagnon (Muhammad) n'est nullement fou; il l'a effectivement vu, au clair horizon et il ne garde pas avarement pour lui-même ce qui lui a été révélé. Et ceci [le Coran] n'est point la parole d'un diable banni."

□ Les deux passages relatent le même événement. L'apparition de l'archange Gabriël lors de révélations sous sa forme angélique. "Un noble messager doué d'une grande force" et "celui à la force prodigieuse" est la description de Gabriël, signifiant "Force de Dieu".

3. Des messagers ont été envoyés à tous les hommes avant Muhammad ? Allah aurait envoyé des avertisseurs à chaque peuple (10:47), (16:35-36), (35:24); Abraham et Ismaël sont expressément affirmé avoir visité la Mecque et avoir construit la Kaaba (2:125-129). Pourtant, Muhammad est censé être envoyé à un peuple qui n’a jamais eu de messager au paravant (32:3), (34:44), (36:2-6). Ce point soulève également d’autres questions : Qu’en est-il de Hud et de Salih qui est supposé avoir été envoyé aux Arabes ? 

□Contrairements aux autres versets cités, dans (10:47), (16:36) & (35:24), il est fait mention de ummah [اُمَّةٍ].

□ Une ummah est une entité englobant de nombreux qawm  [قوم].

□ Il y a un délais, autrement, Noé suffirait comme messager. Le terme qawm désigne une plus petite entité. 

4. Quelle sera la nourriture pour les gens dans l’Enfer ? La nourriture pour les gens de l’Enfer sera seulement “d'épines” (88:6), ou seulement le pus fétide provenant des plaies (69:36), ou trouveront-ils aussi à manger de l’arbre de zaqqūm (37:66) ? 

□ Le zaqqūm est fait d'épines de feu. C'est la seule "nourriture" infernale, qui n'en est pas. Illā min [اِلَّا مِنْ] signifie tantôt la partie d'une chose, tantôt son origine. L'arbre de zaqqūm pousse des entrailles de l'enfer, arrosé par le pus des gens qui y résident. (64:182) : "اِنَّهَا شَجَرَةٌ تَخْرُجُ ف۪ٓي اَصْلِ الْجَح۪يمِۙ"

□ Le zaqqūm déchire les entrailles, (44:45). Au final il n'y a rien de nourrissant en enfer (44 :49). 

□ Ce qui est traduit par du pus est nommé غِسْل۪ينٍۙ [ɣislīn], de la racine غسل [ɣsl]. Il désigne l'idée de lavage, dans le but de la purification. C'est donc le zaqqūm qui (5:44-49) déchire les entrailles et fait un lavage de purification.

5. Les anges ne peuvent ni créer, ni donner la vie, ni susciter la mort. Pourtant, le Coran stipule explicitement qu'un ange ou plusieurs anges sont à l’origine de la mort de certaines personnes (4:97), (16:28), (32:11).

□ Il est question des anges de la mort, de quoi que l'on meurt ces anges saisissent l'âme des morts.

6. Le Coran interdit aux croyants d’épouser des femmes idolâtres (2:221), et nomme les chrétiens et les mécréants idolâtres, (5:17,72-73), (9:28-33), mais autorise toujours les musulmans à épouser des femmes chrétiennes (5:5). 

□ Dans ces passages, une partie des israélites et une partie des chrétiens est dit imiter les propos des anciens en terme d'associationnisme (9:28). 

□ Le Coran distingue les gens du livre. Il y a un statut légal différent à leur égard. 

7. Allah récompense les bonnes actions des mécréants ? (9:17) et (9:69) : clairement non. Toutefois, (99:7) implique oui ? En outre, (2:62) des promesses de récompense pour leurs bonnes actions aux chrétiens. 

□ Pour (99:7), la contrepartie de bonnes oeuvres peut survenir sur terre. Pour les trois autres passages, cela change selon qu'ils sont morts droits ou non.

□ (21:47) : "Au Jour de la Résurrection, Nous placerons les balances exactes. Nulle âme ne sera lésée en rien, fût-ce du poids d'un grain de moutarde que Nous ferons venir. Nous suffisons largement pour dresser les comptes." 

□ (2:62) concerne les anciens, comme le montrent les versets précédants et suivants.

8. Les musulmans doivent-ils accepter la paix ou pas ? Les personnes se battent jusqu’à quand ? Faut-il contraindre à la foi ou pas ? 

□ La paix est rétablie une fois qu'il n'y a plus de désordre empêchant les croyants désirant pratiquer l'islam de vivre pleinement leur foi (2:193), (9:7). Le combat est permis jusqu'à vaincre les éventuels agresseurs obstruant le chemin menant à Allah et en les stoppant (9:29) [continuer ici].

□ L'exemple de la prise de la Mecque, dernière bataille livrée par le Prophète y répond. Il n'y a pas eu de conversion forcée une fois la paix instaurée.

9. Les musulmans doivent montrer la bonté envers leurs parents ? D’une part, le Coran ordonne à tous les musulmans de montrer de la bonté envers leurs parents, même s’ils sont mécréants (17:23-24), (31:14-15), (29:8), etc. D’autre part, il exige de ne pas montrer de l’amour ou l’amitié à ceux qui s’opposent à Muhammad, même si elles sont des parents (9:23), (58:22). Peut-on alors être croyant en Dieu et de s’opposer à Muhammad, en même temps ?

□ Il faut réprouver leurs erreurs, sans leur manquer dans le devoir d'enfant. (34:15) : "Et si ceux-ci te forcent à m'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers moi. Vers moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez."

10. Combien de mères ont les musulmans ? Seulement une (58:2), la femme qui a donné naissance et personne d’autre, ou des deux (4:23), y compris la mère qui s’est occupée de lui, ou les épouses du Prophète (33:6) ?

□ Au verset (58:2) il est question d'une pratique arabe ante-islamique nommée "ظهار" de la racine "ظهر" [zˁhr] signifiant "derrière". Lorsqu'un mâle disait à une épouse : "Tu es pour moi comme le derrière de ma mère", c'est-à-dire celle qui l'a mis au monde, elle lui devenait sexuellement interdite. Le verset lève cette pratique en niant qu'elles deviennent vraiment celles qui les ont enfantées.

□ Une seule mère biologique (أصلي), mais plusieurs possibles mères de lait légales (حكمي). Et symboliquement, les épouses du Prophète (مجازى).

11. (2:62) : "'Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Nazaréens, et les sabéens, quiconque d'entre eux a cru en Allah au Jour dernier et accompli de bonnes œuvres, sera récompensé par son Seigneur; il n'éprouvera aucune crainte et il ne sera jamais affligé." & (3:85) : "Et quiconque désire une religion autre que l'Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l'au-delà, parmi les perdants."

□ Le premier passage évoque les anciens, qui ont cru en leurs messagers en leurs temps. Il faut lire les versets précédants et suivants.

□ (2:140-1) : "Ou dites-vous  qu'Abraham, Ismaël, Isaac et Jacob et les tribus étaient juifs ou chrétiens ? » -Dis: « Est-ce vous les plus savants ou Allah ? » -Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage qu'il détient d'Allah ? Et Allah n'est pas inattentif à ce que vous faites.  Voilà une génération bel et bien révolue. A elle ce qu'elle a acquis, et à vous ce que vous avez acquis. Et on ne vous demandera pas compte de ce qu'ils faisaient."

12. Combien d’anges parlent à Marie ?Lorsque le Coran parle de l’Annonciation de la naissance de Jésus à la vierge Marie, la sourate (3:42,45) parle de plusieurs anges alors qu’il est seul dans la sourate (19:17). 

□ Les Anges lui parlaient en se cachant, comme sous le palmier (19:25). Mais Gabriël est apparu matérialisé sous forme humaine. Ça ne se passe pas en une seule occasion.

13. Divergences numériques : un jour d’Allah égale à 1000 ans de l’homme (22:47), (32:5) ou de 50.000 années humaines (70:4) ? 

□ Dans la sémantique des peuples sémites, les nombres sont employés différemment. Sept, signale la perfection, six la complétude, et mille n'est pas à prendre comme 999+1, c'est dans le sens de "vraiment beaucoup" comme on dirait "des millions de fois" en francais pour insister sur l'importance du nombre.

□ (2:96) : "Et tu les trouveras les plus avides de vie, et plus encore que les associateurs, d’aucun parmi eux souhaiterait vivre mille ans. Mais cela ne l’épargnera pas du châtiment, peu importe combien de temps il vit. Et Allah voit bien ce qu’ils font." 

□ Ici, on voit clairement que le but est la très grande longévité, pas fixé à mille.

14. Selon la Sourate (56:7), il y aura trois groupes distincts de personnes au Jugement Dernier, mais (90:18-19), (99,6-8), etc mentionnent deux groupes. 

□ Ce sont deux moments distincts. Il y a les gens de l'enfer, et les gens du paradis. Mais un groupe parmi les gens de l'enfer finira par passer au paradis. Dans (56:13-14 & 39-40) on lit un passage d'un groupe de gauche à droite après l'intercession. 

15. Qui reçoit les âmes au moment du décès: L’Ange de la la mort (32:11), les anges au pluriel (47:27), mais aussi “Allah, c’est Lui qui reçoit les âmes des hommes à la mort.” (39:42).

□ Un ange chargé par personne. Les anges de la mort prennent les âmes, avec l'ordre d'Allah.

16. Les Anges ont 2, 3 ou 4 ailes (35:1); mais Gabriël avait 600 ailes, d'après un hadith rapporté par al-Bukhārī.

□ C'est exemplatif, pas limitatif. "Louange à Allah, Créateur des cieux et de la terre, qui a fait des Anges des messagers dotés de deux, trois ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu'Il veut, car Allah est Omnipotent."

17. De combien de jours avait besoin Allah pour détruire le peuple de Aad ? Un jour (54:19) ou plusieurs jours (41:16); (69:6,7) ?

□ Le châtiment à été envoyé en un jour néfaste dévastant les coupables, mais le cataclysme à duré huit jours.

□ (54:19) : (ف۪ي يَوْمِ نَحْسٍ مُسْتَمِرٍّۙ). Ce qui est désigné comme continu, c'est le malheur. (41:16) : (فِىٓ أَيَّامٍ نَّحِسَاتٍ), ça a continué ensuite, plusieurs jours durant.

18. Six ou huit jours de la création ? Sourates (7:54), (10:3), (11:7), (25:59) indiquent clairement que Dieu a créé “le ciel et la terre en six jours". Mais dans (41:9-12) la description détaillée de la procédure de création s’élève à huit jours. Rapide ou lente la création ? Allah crée les cieux et la terre en six jours (7:54), ailleurs nous lisons qu'il crée instantanément (2:117), disant “Sois! Et il est".

□ Les deux premiers jours sont les premiers des quatre accomplis pour la création de la Terre cf. explications supra (E-1. X). Le temps n'existe pas pour Allah.

19. Cieux ou la Terre ? Lequel a été créé en premier ? La terre et puis le ciel (2:29), le ciel et ensuite la terre (79:27-30).

□ En parallèle cf. (21 :30), voir détails supra (E-1. X).

20. Convocation ou séparation ? Dans le processus de création, les cieux et la terre sont appelés par Dieu (41:11) ? Tandis (21:30) précise qu’ils étaient à l’origine d’une seule pièce, puis séparés. 

□ Séparés, ensuite appelés à l'obéissance. Idem, voir explication détaillée supra (E-1. X).

21. L’homme a été créé à partir de quoi ? Une adhérence (96:1-2), de l’eau (21:30), (24:45), (25:54), l’argile (15:26), poussière (3:59), (30:20), (35:11), de rien (19:67), ou pas de rien (35:49), la terre (11:61), une goutte de liquide épaissie (16:4), (75:37).

□ Selon les étapes, au départ de rien, ensuite de terre/poussières et d'eau, de liquide reproducteur, transformée en une adhérence etc.

□ Au verset (35:49) : "أَمْ خُلِقُوا مِنْ غَيْرِ شَيْءٍ", il n'y a pas de rejet de la création depuis rien de l'homme, le mot خُلِقُوا [xuliqū] signifie donner forme. On comprend donc "sont-ils formés de rien du tout", "n'existent-ils pas vraiment".

22. La descente du Coran : au coup par coup (25:32) ou tout à la fois (97:1) ?

□ Un peu à la fois, finalement en entièreté. Ça a commencé la nuit d'al Qadr. Comme pour l'année nouvelle, elle débute juste après minuit, mais dure une année.

23. Une confusion dans les énoncés coraniques sur le vin ?

□ Le vin a des avantages et des inconvénients (2:219), il est instrumentalisé par le diable (5:90). Mais si d’aucun en consomme, il doit d'abord être sobre avant de prier (4:43). Au paradis, le diable ne peut plus l’instrumentaliser, alors il devient avantageux (56:25-26).

24. Vin : Bon ou mauvais ? La boisson forte est une infamie, oeuvre du Diable. (5:90), également (2:219). Pourtant, d’autre part dans le paradis sont des rivières de vin (47:15), également (83:22,25). Comment une oeuvre du Diable est presente au Paradis ?

□ Mauvais si instrumentalisé par le diable. 

□   "رجس من ءمل الشىطان", signifie souillée par l'oeuvre du Damné. 

25. Le Coran est tout à fait clair (26:195) ou pas ? Comment concilier la clarté du Coran avec ses lettres mystérieuses.

□ Il est en langage intelligible, mais garde certains mystères. On peut poser une énigme très claire, mais tout le monde ne peut pas le résoudre.

□  Les lettres séparées des débuts de certaines sourates sont la forme ancestrale de l'écriture : explication ici.

26. Les arabes païens adoraient le même dieu ou un dieu différent ? (109:3). Toutefois, d’autres versets affirment clairement que les idolâtres  croient en Allah.

□ La racine عبد [ʔbd], rendu par adorer, signale tantôt l'idée de soumission, tantôt un type de culte précis. Les arabes croyaient en Allah, mais lui attribuaient des associés, et ils lui vouaient tantôt un culte qui n'est pas celui qu'il a institué lui-même (6,142-5).

27. Intercession ou non ? Non (2:122-123,254); (6,51); (82:18-19), etc. ? Oui (20:109), (34:23), (43:86), (53:26), etc. ?

□ (2:123) : "وَاتَّقُواْ يَوْماً لاَّ تَجْزِي نَفْسٌ عَن نَّفْسٍ شَيْئاً وَلاَ يُقْبَلُ مِنْهَا عَدْلٌ وَلاَ تَنفَعُهَا شَفَاعَةٌ وَلاَ هُمْ يُنصَرُونَ" : "Préservez-vous d'un jour [tel que]..." (=possibilité, car un même jour peut être bénéfique pour les uns, et mauvais pour d'autres : (3:140).)

□ (2:254) : "مِنْ قَبْلِ أَنْ يَأْتِيَ يَوْمٌ لَا بَيْعٌ فِيهِ وَلَا خُلَّةٌ وَلَا شَفَاعَةٌ" : "Avant que ne survienne un jour [tel que]..." (=possibilité)

(6:51) : "لَيْسَ لَهُمْ مِنْ دُونِه۪ وَلِيٌّ وَلَا شَف۪يعٌ لَعَلَّهُمْ يَتَّقُونَ" : "Sans lui, il n'y a pas pour vous..." (=exclusion)

□ (82:19) : "يَوْمَ لَا تَمْلِكُ نَفْسٌ لِنَفْسٍ شَيْـًٔاۜ" : "Un jour où aucune âme n'aura de pouvoir sur une autre." (=négation)

□ "Sauf celui ayant été autorisé" (20:109) : "لَا تَنْفَعُ الشَّفَاعَةُ اِلَّا مَنْ اَذِنَ لَهُ الرَّحْمٰنُ". (=exception)

28. Où sont Allah et son trône ? Allah est plus proche que la veine jugulaire (50:16), mais il est aussi sur le trône (57:4) qui est sur l’eau (11:7), et en même temps si loin, qu’il faut entre 1.000 et 50.000 ans pour l’atteindre (32:5), (70:4).

□ Comme c'est lui qui a créé toute chose (25:2), le temps n'a aucun effet sur lui. Il est hors du temps, où il le souhaite. 

29. L’origine du malheur ? (38:41) Satan, nous-mêmes (4:79), ou Allah (4:78) ?

□ Satan cherche à nous faire du mal (38:41), bonne ou mauvaise rien n'est possible que si Allah l'autorise (4:78), mais la responsabilité de ses actes engage l'homme (4:79).

30. Comment est la miséricorde d’Allah ? Il a prescrit la miséricorde pour lui-même (6:12), et pourtant il ne guide pas les uns, même s’il pourrait (6:35), (14:4).

□ La miséricorde n'est pas son unique attribut. Il est également Juste, Omnipotent, .. 

31. Allah interdit l'impudicité, (7:28), (16:90). Or, il autorise la répudiation (2:229-230), et la liberté charnelle avec son conjoint légal (2:187).

□ Celui qui a créé les pulsions charnelles l'a fait pour en faire bénéficier, et perpétuer le genre humain. Or il a codifié cela pour que l'équité puisse s'instaurer.

□ Le verset (2:229) a également institué un divorce unilatéral féminin inexistant avant le Coran pour les femmes non satisfaites par leurs époux. 

32. (41:34) : "La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux." & (42:40) : "La sanction d'une mauvaise action est une mauvaise action [une peine] identique. Mais quiconque pardonne et réforme, son salaire incombe à Allah. Il n'aime point les injustes !"

□ (41:35) : "Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est donné qu'au bénéficiaire d'une grâce infinie." (42:40) : "...Mais quiconque pardonne et réforme, son salaire incombe à Allah. Il n'aime point les injustes !"

□ Le fait de rendre un mal par un mal équivalant est juste toléré, mais ce qui est préféré chez Allah, est le pardon et même le fait de rendre un bien pour un mal.

33. (2:179) : "Il y a pour vous la vie dans le talion, Ô vous doués d'intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété." & (5:32) : "C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les enfants d'Israʾil (Israël) que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommesEt quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes."

□ La pratique du talion à été instituée pour arrêter les vendettas. Seul le coupable pouvait être poursuivi. Le second verset encourage à la compassion, et au pardon, en soulignant que briser le tabou de la vie humaine a des conséquences désastreuses. 

34. Il y aura des discours en enfer ? “ils ne parlent pas” (23:101), mais néanmoins, ils s'adresseront les uns aux autres, s'excusant mutuellement (37:27).

□ Au verset (23:101) : "فَلَٓا اَنْسَابَ بَيْنَهُمْ يَوْمَئِذٍ وَلَا يَتَسَٓاءَلُونَ", il est stipulé qu'il ne demanderont pas afin de se voir pour des liens de parenté. "Lā yus'alūna" renvoie ici à "lā nasaba baynahum'ul yawm". 

35. Des protecteurs anges ? “Pas de protecteur en dehors d’Allah" (2:107). Mais dans (41:31) les anges disent eux-mêmes : "Nous sommes vos protecteurs dans cette vie et l’au-delà.” Et aussi dans d’autres sourates, leur rôle est décrit comme la garde (13:11), (50:17-18) et de protéger (82:10).

□ "مِنْ دُونِه" [min dūnihi], "sans lui". Pas "en dehors de lui"

36. Allah est le seul Wali ? D’une part, Allah est censé être le seul wali, le protecteur, aide, ami : (9:116), (17:111), (32:4). D’autre part, le messager et les croyants, sont des wali(s) (5:55), (9:71), en outre Allah a des wali(s) (10:62), et il attribue des wali(s) (4:75).

□ "مِنْ دُونِه" [min dūnihi], "sans lui". Pas "en dehors lui" (9,116), (32:4).

□ وَلَمْ يَكُنْ لَهُ وَلِيٌّ مِنَ الذُّلِّ" : (17:111)", "il n'a pas besoin de soutien par manque de moyen".

37. Est-ce que Dieu agit seul ou doit-il avoir des êtres qui l’assistent ?

□ Il fait ce qu'il veut (21:23). Les Anges sont sous ses ordres, ils ne l'assistant pas.

38. Allah est l’unique juge ou pas (12:40) ?

□ (12:40) : "اِنِ الْحُكْمُ", "le verdict".

□ Mais, (5:50), (7:199).

39. Allah est le seul souverain ou pas (114:2) ?

□ "مَلِكِ" [maliki], "possesseur" est le sens initial.

40. Tout le monde est obéissant et se prosterne face à Allah ? C’est la revendication en (16:49) et (30:26), mais des dizaines de versets parlent de la désobéissance de Satan (7:11), (15:28-31), (17:61), (20:116), (38:71-74), (18 : 50) ainsi que de beaucoup de différents êtres humains qui rejettent ses commandements et ses révélations.

□ (13:15) : "Et c'est à Allah que se prosternent, bon gré ou mal gré, tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre, ainsi que leurs ombres, au début et à la fin de la journée."

□  Ceux qui refusent de se prosterner, s'inclinent malgré eux par leurs ombres.

41. L'assiossiationnisme est considéré comme le pire de tous les péchés, mais Allah le pardonne ou non. Non (4:48, 116), Oui (4:153), (25:68-71). Abraham a commis ce péché de polythéisme comme il prend la lune, le soleil, les étoiles à son Seigneur (6:76-78).

□ Si repentir à temps oui, autrement jamais (39:53-54). Abraham parlait ainsi pour faire réfléchir son peuple.

42. L’événement de l’adoration du veau d’or : Les Israélites se repentent d’avoir adoré le veau d’or, avant le retour de Moïse de la montagne (7:149) ? Mais ils ont refusé de se repentir, mais ont continué à adorer le veau jusqu’à ce que Moïse est revenu (20:91). Aaron partage-t-il leur culpabilité ? Non (20:85-90), oui (20:92), (7:151) ?

□ Les verset 149 et 150 commencent tous deux par lammā [وَلَمَّا], ce mot signale le pourquoi, c'est formé à partir de lam mā [لم ما]. Traduire ce terme par "quand" ne rend pas cette particularité sémantique, il y a une raison qui est donnée juste ensuite ("وَلَمَّا سُقِطَ ف۪ٓي اَيْد۪يهِمْ"). Quoi qu'organisés dans ce sens, il s'agit de deux propositions distinctes, dont aucune règle grammaticale n'implique d'ordre de priorité. On pourrait dire : Et quand tu étais né, ta maman pleurait de joie. Et quand moi et ta maman craignions ne pas pouvoir avoir d'enfant, et suivions des traitements, allant de docteur en docteurs, tu n'étais pas là.

□ (7:149) "وَلَمَّا سُقِطَ ف۪ٓي اَيْد۪يهِمْ", signifie que c'est seulement une fois le veau d'or détruit de leurs mains ; chauffé [حرق] et mis en pièces [نسف] qu'ils se sont repentis. Ce verset anticipe le verset suivant, c'est une forme de rhétorique, exigée pour l'organisation globale de la sourate. Le veau n'a en effet été mis en morceaux qu'après le retours de Moïse.

□ Ces passages condamnent Aaron pour n'avoir pas pu empêcher ce sacrilège jusqu'à l'arrivée de Moïse. 

43. Jonas était-il jeté sur le rivage désert ou non ? “Ensuite, Nous avons jeté sur un rivage désert étant harrasé" (37:145) “n'avait été la grâce de son Seigneur, il serait jeté sur un rivage désert étant honni." (68:49).

□ Il a été rejeté harrasé (وَهُوَ سَق۪يمٌۚ). Autrement, il aurait été rejeté honni (وَهُوَ مَذْمُومٌ).

44. La calomnie de femmes chastes peut-il être pardonné ? Oui (24:5), non (24:23).

□ Ceux qui le méritent, (24:21), croient et se repentent (39:35,53-54).

45. Comment peut-on recevoir le compte rendu au Jour du Jugement ? Le jour du jugement aux peuples perdus on donne le bilan de leurs mauvaises actions derrière leur dos (84:10), ou dans leur main gauche (69:25).

□ C'est selon ses actes. On le rendra par la gauche aux pêcheurs, mais ceux qui ont beaucoup pêché le porteront sur leur dos. 

□ Dans (69:25), بِشِمَالِهِ [biʃimāl] ne signifie pas "par la main gauche", mais "par la gauche".

46. Les anges peuvent-ils désobéir ? Aucun ange n’est arrogant, ils obéissent tous à Allah (16:49-50), mais : "Et voici, nous avons dit aux anges : 'prosternez-vous devant Adam'. Et ils se prosternèrent, si n'était Iblis. Il a refusé et a été hautain.” (2:34).

□ "الّا" [illā]، est composé de "ان لا" [in lā]. Le sens reçu est "sauf", "excepté" or le sens primitif est "si n'était pas". C'est comme de dire : "J'ai prié les clients de bien vouloir venir se désinfecter les mains, tous se sont appliqués si n'était un clochard qui refusait de se lever. Je lui ai demandé pourquoi il ne voulait pas se désinfecter les mains, et il m'a répondu les avoir lavées avant d'entrer au magasin". 

□ Iblis était dans la cohorte des anges, mais djinn (18:50). Eux, savent transgresser les ordres d'Allah. 

□ Allah s'est adressé aux Anges, qui se comptaient par millions de milliards, en présence d'Iblis auquel ils sont de très loin supérieurs, sachant qu'il n'allait pas se prosterner. Il voulait dévoiler son orgueil à la cohorte des Anges. Quand il a dévoilé son orgueil, il a été éloigné, car l'orgueil est un péché grave.

47. Trois points à éclaircir dans les (2:97) et (16:101-103). Qui apporte la révélation d’Allah à Muhammad ? L’ange Gabriël (2:97), ou l’Esprit Saint (16:102) ? 

□ Gabriël est un esprit saint chargé de transmettre la révélation d'Allah. 

48. La nouvelle révélation confirme l’ancienne (2:97) ou la remplace (16:101) ? 

□ Elle la reconnaît, et la remplace. Mais le verset (16:101) concerne le Coran.

49. Le Coran est en arabe clair (16:103), mais il y existe de nombreux mots étrangers.

□ Il y a des mots d'origine étrangère dans toute langue.

50. La revendication de la corruption de la Bible conduit à une contradiction entre (2:24) et (17:88), d’une part, et (28:49) et (46:10) de l’autre ?

□ (28:49 : "Dis-leur : « Apportez donc un Livre venant d'Allah qui soit meilleur guide que ces deux-là, et je le suivrai si vous êtes véridiques." & (46:10) : "Dis : 'Que direz-vous si [cette révélation s'avère] venir d'Allah et que vous n'y croyez pas qu'un témoin parmi les fils d'Israël en atteste la conformité [au Pentateuque] et y croit pendant que vous, vous le repoussez avec orgueil. En vérité Allah ne guide pas les gens injustes !"

□ "Apportez [vous-mêmes] donc un Livre venant d'Allah qui soit meilleur guide que ces deux-là..."

□ Avec ou sans voyelles et ponctuation ? Cf. "Le Coran comme source d'information prémassorétique".

51. Les Juifs et les chrétiens suivent la Bible ou le Coran ? 

□ Le Coran prime (3:19,85), les prophètes israélites étaient chargés exclusivement pour guider les enfants d'Israël (3:45-8), mais le Coran est un message supérieur et universel [note].

52. Avec l’histoire de Lot à son peuple, qui n’a donné aucune réponse ? Or : Ils ont dit : ”Chassez-les de votre ville: ce sont des gens qui veulent être propre et pure !" (7:82) et (27:56). Et aussi : "Mais son peuple ne fit pas de réponse sinon celle-ci : Ils ont dit : 'Apportez-nous la colère d’Allah, si tu es du nombre des véridiques'.” (29:29).

□ Pour (7:82) & (27:56), ils ne repondent pas, ils se parlent entre-eux au sujet de Lot et sa famille. Leur seul réponse au message divin fût :  'Apportez-nous la colère d’Allah, si tu es du nombre des véridiques'.

53. Qu’en est-il des fils de Noé ? Selon la sourate (21:76), Noé et sa famille sont sauvés du déluge, et la Sourate (37:77) confirme que ses enfants ont survécu. Mais la Sourate (11:42-43) rapporte la noyade du fils de Noé.

□ (11:46) : "قَالَ يَا نُوحُ إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ إِنَّهُ عَمَلٌ غَيْرُ صَالِحٍ فَلاَ تَسْأَلْنِ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ"

□ Il était son fils légal par sa femme, qu'il a vu naître, et qu'il a élevé mais qui s'est avéré ne pas être de lui selon le verset supra.

54. Magiciens de Pharaon : des musulmans ou rejetant la foi ? (7:103-126), (20:56-73), (26:29-51), or seuls des Israélites croient en Moïse (10:83) ?

□ Une partie des magicien s'est convertie une fois confrontée à Moïse.

□ Le verset (10:83) dit que seule une petite partie parmi son peuple, min qawmihi [مِنْ قَوْمِه۪] a cru, non que personne en dehors de son peuple a cru.

55. Combien de dieux dans le culte Egyptien, Pharaon seul (28:38), les dieux de pharaon (7:127), les dieux autorisés par pharaon (20:71) ?

 

Au-dessus, temple d'abu Simbel, en Nubie. On peut voir le triade Amon, Mout et leur fils Khonsou représentés avec le visage de Ramsès II, ainsi qu'une quatrième éffigie de Ramsès II témoignant de l'extravagance du pharaon. En bas, Osiris (créateur de l'écriture, de l'agriculture et maître des âmes) sous la forme de Ramsès II à l'entrée de la salle hypostyle d'Amon à Karnak.


□ Il s'agissait bien d'hénotheisme caractéristique, reflété très fidèlement, malgré ses contradictions internes.

56. Le repentir de Pharaon dans le chevet de la mort ? Selon la Sourate (10:90-92), Pharaon se repent “aux seuil de la mort” et est sauvé. Mais la sourate (4:18) dit qu’un repentir au chevet de l'agonie n'est pas agréé.

□ Sauvé dans son corps, pour servir d'exemple.

57. Pharaon noyé ou sauvé, chassant Moïse et les Israélites ? Sauvé (10:92), noyé (28:40), (17:103), (43:55).

□ Sauvé en son corps après noyade, (نُنَجّ۪يكَ بِبَدَنِكَ) : (10:92).

58. Quand Pharaon commande le meurtre des mâles ? Quand Moïse était un prophète et a dit la vérité de Dieu pour Pharaon (40:23-25) ou quand il était encore un nourrisson (20:38-39) ?



Plus ancienne mention d'Israël fondée par l'archéologie, datée de l'an VI du règne de Merenptah.
A la ligne 7 ci-desssus, dans la liste des peuples soulevés détruits et soumis on peut lire : Israel est détruit, il n'a plus de semence (mâle).


□ Il s'agit d'une version différente de la Bible, cela n'était pas spécifique aux israélites (28:4-5), et il était courant que des cités montrant de l'hostilité soient saccagés par les milices de Pharaon. 

□Ramsès II a durant sa longue carrière royale de 67 années organisé cinq campagnes en Canaan (Syrie actuelle) de la quatrième à la dixième année de son règne et deux ans la sixième et septième année de son règne en Lybie, et même fait acte de présence à Canaan pendant ces deux années. À chaque fois les mâles étaient éliminés.

59. Abrogation ? "Les paroles du Seigneur sont parfaites dans la vérité et la justice, nul ne peut changer Ses paroles." (6:115) voir aussi (6:34) et (10:64). Mais alors, Allah voit la nécessité d’échanger certains d’entre eux pour «les meilleurs» (2:106), (16:101). 

"وَتَمَّتْ كَلِمَتُ رَبِّكَ صِدْقًا وَعَدْلًاۜ لَا مُبَدِّلَ لِكَلِمَاتِه۪ۚ وَهُوَ السَّم۪يعُ الْعَل۪يمُ", "la parole de ton seigneur s'est accomplie en toute vérité et justice, point de changement dans ses paroles." (6:115). "تّمَّت كلمت ربك" [tammatu kalimatu rabbuka] signifie "la parole de ton seigneur s'est accomplie". 
 
□ Ce qui est juste dans un milieu à une époque peut ne pas être juste dans un autre contexte. La perfection nécessite une adaptation.

60. Guide à la vérité ? "Dis : 'Il guide vers la vérité, et qui est digne d’être suivi.” (10:35). Mais on lit aussi (14:4). 

□ (14:4), dit "qui le veut" : "يُضِلُّ اللّٰهُ مَنْ يَشَٓاءُ وَيَهْد۪ي مَنْ يَشَٓاءُۜ". 

61. Quelle est la peine pour adultère ? La flagellation avec 100 lanières de fouet hommes et femmes (24:2), ou “les confiner dans des maisons jusqu’à ce que la mort ne les réclame ou un verset à leur égard", soit une assignation à résidence permanente pour les femmes (4:15). 

□ (4:15) : "Celles de vos dames qui forniquent, faites témoigner à leur encontre quatre d'entre vous. S'ils témoignent, alors confinez-les à la maison jusqu'à ce que la mort les rappelle ou qu'Allah décrète un autre ordre à leur égard.".

□ Il s'agit de différents temps et contextes. Il est question des prostituées avant la peine de flagellation. Comme l'adultère était désapprouvé et qu'aucune peine n'était encore instituée.

62. Le problème de la souveraineté divine, la prédestination, le salut et le libre arbitre de l’homme.

□ Cf. simultanéité relativiste. Il est établi que le futur, le passé et le présent coexistent. Or, nous continuons à juger les coupables de délits, d'infractions et de crimes.


Transformations de Lorentz, et relativité du temps. Du fait que le temps n'est pas synchrone à l'échelle de l'univers, futur, passé et présent coexistent depuis le premier instant du big bang.


63. Qui subit les conséquences des péchés ? Le Coran déclare que tout le monde sera tenu pour responsable pour ses propres péchés seulement (17:13-15), (53:38-42). Pourtant, le Coran accuse les Juifs du temps de Muhammad pour les péchés commis quelque 2000 ans plus tôt par d’autres Juifs, par exemple adorer le Veau d’Or.

□ C'est selon les péchés individuels ou collectifs. C'est pour les contemporains du Prophète un rappel, ce pour quoi ils ne seront pas plus condamnés que les anciens n'ayant pas adoré le veau à l'époque. 

64. Les chrétiens vont-ils entrer au paradis ? (2:62) et (5:69) disent «Oui», (5:72), (3:85), “Non”.  

□ Aux passages (2:62) et (5:69), il est question des anciens, comme le montrent respectivement les versets antérieurs et suivants ceux-ci.

□ Ceux qui ont la foi sincère : (5:83).

65. Clair ou incompréhensible ? Le Coran est “un langage arabe clair.” (16:103). Pourtant, pour certains passages "personne ne connaît son issue, si ce n’est Allah.”  (3:7)

□ Il est dans un langage clair, mais il pourrait contenir des énigmes qui soulignent notre petitesse. La bonne lecture est néanmoins la suivante.

□ (3:7) : "هُوَ الَّذ۪ٓي اَنْزَلَ عَلَيْكَ الْكِتَابَ مِنْهُ اٰيَاتٌ مُحْكَمَاتٌ هُنَّ اُمُّ الْكِتَابِ وَاُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌۜ فَاَمَّا الَّذ۪ينَ ف۪ي قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَٓاءَ الْفِتْنَةِ وَابْتِغَٓاءَ تَأْو۪يلِه۪ۚ وَمَا يَعْلَمُ تَأْو۪يلَهُٓ اِلَّا اللّٰهُۢ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ اٰمَنَّا بِه۪ۙ كُلٌّ مِنْ عِنْدِ رَبِّنَاۚ وَمَا يَذَّكَّرُ اِلَّٓا اُو۬لُوا الْاَلْبَابِ" ; "C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s'y trouve des versets concis, qui sont la base du Livre, et d'autres approchants. Les gens, donc, qui ont au coeur une inclinaison vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets approchants, dans l'espoir d'en fixer le sens initial, alors que nul n'en fixe le sens initial sinon Allah, et ceux qui sont bien enracinés dans la science, disant : 'Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur !' Mais, seuls les doués d'intelligence s'en rappellent."

□ (39:23) : "اَللّٰهُ نَزَّلَ اَحْسَنَ الْحَد۪يثِ كِتَابًا مُتَشَابِهًا مَثَانِيَۗ". ; "Allah a fait descendre le plus beau des récits, un Livre dont [certains versets] se ressemblent et se répètent."

□ En effet, selon la récitation canonique warche [ورش عن نافع], le fait que les personnes enracinées dans la science maîtrisent le sens des versets متشابه [mutaʃābih] est plus explicite. 

□ L'imam Tabarī [6] rapporte selon Mujāhid, Muhammad ibn Ja'far ibn Zubayr, ibn Zayd et ibn Wahb que ces versets dits approchants, concernent les récits des anciens redondants employant des mots variables et susceptibles s'être compris d'une façon inexacte.
  
□ متشابه, vient de la racine شبه [ʃbh] qui donne l'idée de similitude, de resemblance. De même le mot مثاني [maθānī] signale l'idée de synonymie. Tandis que le mot تءويل [taˤwīl] est dérivé de la racine عول [ʔwl] signifiant initial, premier, ou prioritaire. Il est donc question de la façon de se fixer sur le sens recherché par les mots employés. Les récits des anciens sont rapportés en sens.

66. Quand/comment les destins sont déterminés ? “La nuit du Qadr est meilleure que mille mois.” (97:3,4) “Certes, Nous avons fait descendre en une nuit bénie". (44:3). Pour les musulmans, la "Nuit du pouvoir" est une nuit bénie durant laquelle les décrets d’Allah pour l’année sont ramenés au plan terrestre. Les questions de la création sont-elles décrétées une année à la fois ? Portant, la sourate (57:22) dit : “Aucun mal touche la terre ou vous-mêmes, qui ne soit consigné dans un Livre avant son avènement.” Cela signifie qu’il est écrit dans le lawħ maħfūzˁ, étant totalement fixé dans la connaissance de Dieu avant que quiconque ait été créé. D'autre part, nous lisons : “Le sort de chaque homme, nous l'avons attaché à son cou.” : (17:13).

□ Le temps est créé par Allah. La nuit dite du Destin, il y a une révélation ponctuelle du lawħ maħfūzˁ.

67. Bonnes Nouvelles de la torture ? De toute évidence, annonçer tourments et souffrances à quiconque est une mauvaise nouvelle, pas une bonne nouvelle. Toutefois, le Coran semble annoncer les bonnes nouvelles de châtiment douloureux (3:21), (4:138), (9:3), (9:34), (31:7), (45:8), et (84:24). 

□ Le terme rendu par bonne nouvelle est ici ironique, dans le sens de rétribuer. C'est une figure de style, une antiphrase.

68. Préféré pour l’enfer ? (17:70) dit qu’Allah préfère (tous) les enfants d’Adam sur un grand nombre de ses créatures, mais (98:6) déclare la majorité des hommes comme les pires des créatures, nombre d’entre eux sont même créées spécialement pour l’enfer (7:179).

□ Le mot كَرَّمْنَا [karramnā] ne signifie pas préférer, mais l'idée de faire preuve de générosité, de clémence à leur égard.

□ L'homme est privilégié par le libre arbitre et la raison, qui implique un jugement en cas d'abus.

69. Est-ce que les gens restent en enfer pour toujours, ou pas ? Est-ce que tous les musulmans vont en enfer ? Selon la Sourate (19:71) tous les musulmans iront en enfer, au moins pour quelque temps. 

□ Tous visiteront l'enfer, mais Allah en sortira qui il veut (11:105-8).

70. Jésus brûlera-t-il en enfer ? Jésus est associé à Allah, (4:158), élevé chez lui (3:45), adoré par des millions de chrétiens, et pourtant (21:98) dit que ceux qui sont adorés par les hommes en dehors d’Allah brûleront en enfer avec ceux qui les adorerons.

□ Non, ce sont les idoles dont il est question. Nul ne porte la faute d'un autre (2:286). 

71. Jésus est-il Dieu ou non ? Dans la Sourate (16:17,20-21) et (25:3), nous trouvons un critère pour distinguer le vrai Dieu des faux dieux. Pourtant, selon (3:49), (5:110), (6:2), et (38:71-72). Jésus répond à la définition et devrait être considéré comme vrai Dieu.

□ Non, évidemment. Jésus réalise des signes par la permission de son seigneur (بِاِذْنِ اللّٰهِۚ), comme souligné dans ces passages.

□ Les premiers versets ne disent pas que ces actions feraient des idoles des dieux, mais soulignent l'inutilité de ceux-ci. Ils ne forment rien, ne donnent pas la vie ou la mort, n'apportent aucun soutient. 

72. Est-ce que Jésus est comme Adam ? (3:59) rend cette revendication, mais combien d’aspects de ressemblance y a t-il vraiment ?

 □ Il est comme Adam de par son anatomie humaine, sa naissance sans père. C'est ça qui est soutenu pour rejeter l'idée de divinité de Jésus.

73. Peut-il y avoir un fils sans une épouse ? Allah ne peut pas avoir un fils sans une épouse (6:101), mais Marie peut avoir un fils sans un époux parce que c’est possible pour Allah (19:21).

□ Il existe des femelles qui se reproduisent par parthenogenese. Or, Allah est complet et indivisible : (112:2).



Cnemidiphorus Uniparens est une espèce de lézard dont il n'existe plus aucun mâle, se reproduisant uniquement par parthenogenese.


74. Allah pourrait avoir un fils ? (39:4) affirme et (6:101) nie cette possibilité.

□ (39:4), considère un cas de figure où malgré l'abomination en question, si Allah s'attribuait symboliquement un enfant, le Messager obéirait.

□ Mais, souligne l'impossibilité (لَوْ اَرَادَ اللّٰهُ اَنْ يَتَّخِذَ وَلَدًا), لو [law] est un "si" de condition impossible.

75. Jésus est il mort ? (3:144) stipule que tous les messagers sont morts avant Muhammad ? Mais (4:158) prétend que Jésus a été élevé à Dieu (vivant?).

□ Le verset cité dit que d'autres messagers ont précédé Muhammad (وَمَا مُحَمَّدٌ إِلَّا رَسُولٌ قَدْ خَلَتْ مِنْ قَبْلِهِ الرُّسُلُ ۚ أَفَإِنْ مَاتَ أَوْ قُتِلَ انْقَلَبْتُمْ عَلَىٰ أَعْقَابِكُمْ), sans affirmer qu'ils seraient tous morts. Jésus  a été élevé au ciel (4:158).

76. Un créateur ou plusieurs ? Le Coran utilise deux fois la phrase que Dieu est "le meilleur des créateurs" (23:14), (37:125). D’autre part, de nombreux versets indiquent clairement que Dieu seul est le créateur de toutes choses, par exemple (39:62). Il ne reste rien à créer pour les autres êtres.

□ خلقُ [xalaqa] signifie donner forme à une chose, on rend par créer mais le sens initial est donner forme. Comme Jésus avec les oiseaux (3:49).

□ (37:96) Allah nous créé nous, ainsi ce que nous fabriquons; (وَاللّٰهُ خَلَقَكُمْ وَمَا تَعْمَلُونَ).

77. Parmi toutes les nations ou de la postérité d’Abraham ? (29:27) stipule-t-il que tous les prophètes sont la postérité d’Abraham ? Mais (16:36) prétend que Allah a soulevé des messagers parmi tous les peuples.

□ Le verset (29:27) dit que des prophètes sont issus parmi les descendants d'Isaac et de Jacob (وَوَهَبْنَا لَهُ إِسْحَاقَ وَيَعْقُوبَ وَجَعَلْنَا فِي ذُرِّيَّتِهِ النُّبُوَّةَ وَالْكِتَابَ), non que seuls eux auraient reçu des prophètes.

78. Épouser les femmes des fils adoptifs ? Il est autorisé que les musulmans puissent épouser les femmes divorcées des fils adoptés (33:37), mais il est interdit d’adopter des fils (33:4-5).

□ Si un converti a un fils adoptif, il peut toujours se marier avec sa veuve. Le passage (33:4-5) n'a rien avoir avec l'adoption. Il est permis de prendre en charge des enfants, mais leur lignée reste légalement distincte, en termes de mariage. Les parents peuvent céder jusqu'à 1/3 de leurs biens à ceux-ci en le consignant par écrit dans un testament.

79. Les messagers n’ont jamais été envoyés à d’autres que leur propre peuple (14:4), (30:47) ? Des messagers ont été envoyés uniquement à leur propre peuple (14:4) ? Pourtant, le Coran lui-même affirme que Jésus est censé être un signe pour tout le monde, que Moïse a été envoyé à Pharaon en Egypte, et que Muhammad est envoyé à tous les humains.

□ Pas toujours vers leur peuple, dans (14:4) nous lisons "seulement dans la langue de leur propre peuple", bien lire (وَمَٓا اَرْسَلْنَا مِنْ رَسُولٍ اِلَّا بِلِسَانِ قَوْمِه۪). Dans (30:47), sont mentionnés "des" messagers envoyés à leurs propres peuples (وَلَقَدْ اَرْسَلْنَا مِنْ قَبْلِكَ رُسُلًا اِلٰى قَوْمِهِمْ فَجَٓاؤُ۫هُمْ). Le premier verset est général, le second pas.

80. Allah aurait  envoyé seulement des hommes messagers (12:109), (21:7-8), (25:20-21), mais il y a apparemment des messagers parmi les djinns et les anges (6:130); (11:69,77); (22:75); etc. 

□ (12:109) &(21:28) : "ما أرسلنا (من) قبلك", "Ceux que nous avons envoyé devant toi", on comprend "pour la même mission que toi", "qui t'ont devancé en ceci". Les messagers anges sont eux "derrière" les prophètes, car on ne les voit pas sinon les prophètes.

□  "نواحي اليهم" : "nous leur faisions des révélations", donc soit Dieu directement, soit par l'envoi des anges apportant le message.

□ Le terme  "قبلك " [qablik] signifie "devant toi", donc entre lui et les gens. Les anges messagers étant derrière tous les messagers mortels.

□ (25:20-1) : "Ceux que nous avons envoyé devant toi [=qui t'ont devancé], parmi tous les messagers étaient uniquement ceux qui mangeaient", donc djinn ou humain, mais pas directement les anges.

□ (6:130) : ici il est simplement fait mention de messagers élus d'entre les djinns et les hommes.

□ (42:51) : "Il n'a pas été donné à un mortel qu'Allah lui parle autrement que par révélation ou de derrière un voile, ou qu'il [lui] envoie un messager qui révèle, par sa permission, ce qu'il veut. Il est sublime et sage."

81. Un messager parmi les bêtes ? Allah envoya des hommes à être des messagers (12:109), (21:7-8), (25:20-21). Pourtant, le Coran parle aussi d’une bête qui est un messager d’Allah pour les hommes (27:82).

□ La bête n'est pas qualifiée de messagère. 

82. Le jeûne serait-il prescrit pour que les fidèles craignent Dieu (2:183) ?

□ Le mot rendu par craindre (تَتَّقُونَ) vient de la racine تؤ [tq]. Lequel désigne une protection, un bouclier. Il est question de se préserver, car le mot rendu par jeûne (صوم) signale l'idée de se retenir de faire une chose : parler, manger, boire etc.

83. "Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. ... Ne nous charge pas d'un fardeau lourd comme tu as chargé ceux qui vécurent avant nous. Seigneur ! Ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter." (2:183). Sera-t-on chargé de plus qu'on ne peut porter ? Pourquoi alors implorer Dieu de ne pas nous charger plus qu'on ne peut le porter ?

□ Ce qui est traduit par personne est le nafs [النفس], lequel est ce qui appelle les hommes au péché (35:32).

□ Le terme rendu par "supérieur à sa capacité" (وُسْعَهَا) est de la racine وسع [wsʔ] qui signale l'idée d'étendue, de dimensions, de volume. Il est question de la taille de l'égo. C'est lui qui décide de quoi il se charge.

84. Le verset (6:107) dit au Messager de se détourner des associateurs, or (9:5) dit de tuer les associateurs où ils sont trouvés ?

□ Le mot traduit par se détourner signifie, ne pas les prendre en considération en matière de religion. Tandis que le passage traduit par tuer, signifie ici combattre, et concerne les associateurs mecquois ayant rompu le pacte de paix, et en situation de guerre.

85. (2:283) : "Le Messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants: tous ont cru en Allah, en Ses anges, à Ses livres et en Ses messagers; (en disant) : 'Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers.'" Or
(2:253) : "Parmi ces messagers, Nous avons favorisé certains par rapport à d'autres. Il en est à qui Allah a parlé; et Il en a élevé d'autres en grade." ?

□ Dans le premier passage, il est question de ne pas faire de distinction parmi les prophètes dans la foi. Les anciens triaient les prophètes, si ils apportaient un message qui leur convient, ils prêtaient foi, autrement non (5:70). Mais il y a eu différents niveaux d'importance chez les prophètes.

86. (8:1) : "Ils t'interrogent au sujet du tribut de guerre. Dis : 'Le tribut de guerre est à Allah et à Son messager.' Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à Son messager, si vous êtes croyants." & (8:41) : "Et sachez que, de tout le tribut de guerre que vous avez ramassé, le cinquième revient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs (en détresse)."

□ Le premier verset emploie le mot الْاَنْفَالِۜ [anfāl], le verset 41 parle de غنيمة [ɣanīmah]. Le tanfīl qui est mentionné au premier verset consiste à la promesse de dons matériel pour ceux qui vont au front, le verset dit que de cette tâche, Allah et son messager se chargeront. Le verset 41 parle du partage du tribut de guerre.

87. (6:92) : "Voici un Livre (le Coran) béni que Nous avons fait descendre, confirmant ce qui existait déjà avant lui, afin que tu avertisses la Mère des Cités (la Mecque) et les gens tout autour." Or, (68:52) : "Et ce n'est qu'un Rappel, adressé aux mondes !"

□ Le Prophète n'a pas vécu à l'ère d'Internet. Lui exiger de communiquer le message à tout le monde serait lui infliger une mission au-dessus de ses capacités. Les chroniques rapportent qu'il aurait adressé une série de lettres aux dirigeants des états des alentours pour communiquer son message. 

88. À (53:39) on lit que l'homme n'est rétribué que pour ses efforts, pourtant dans (16:71) & (43:32) nous lisons Qu'Allah favorise certains en bien et en provisions ?

□ (53,18) : "Aucune [âme] ne portera le fardeau (le péché) d'autrui." Il est question des oeuvres liées à la religiosité et au culte.

89. Dans (34:46), nous lisons que celui qui agit en bien trouvera ce qu'il convoite, et que celui qui agit en mal trouvera également le fruit de ses oeuvres. Or, dans (2:7), il est dit qu'Allah a scellé le coeur, les yeux et les oreilles des infidèles et qu'ils ne peuvent plus croire ?

□ (83:14) : "كَلَّا بَلْ رَانَ عَلٰى قُلُوبِهِمْ مَا كَانُوا يَكْسِبُونَ" ; "Non ! Ce sont bien leurs actions qui ont voilé leurs coeurs."

□ Les personnes dont les sens sont scellés [ختم] par Allah sont ainsi à la suite de leurs oeuvres sombres qui a terni [رَانَ] leur for intérieur (30:58-9), (5:115). 

90. "La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de cent coups de fouet." (24:2) &  "Ô Prophète ! Nous t’avons rendue licite toute femme croyante si elle fait don de sa personne au Prophète." (33:50)

□ Don de sa personne, en mariage (33:49). Avec l'autorisation divine.  Les règles et codes du mariage changent selon les milieux et les époques.

91. Si Allah le voulait les infidèles ne lui associeraient rien (6:107), or ils ne peuvent croire que si Allah le veut (6:111) ?

□ Allah attribue un libre-arbitre relatif et putatif, mais rien ne se produit en dehors de sa volonté. (81:29) : "Vous ne pouvez vouloir, que si Allah le veut, le seigneur de l'univers". À noter qu'il faut différencier volonté et contrainte.

92. "Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru." (10:99) "Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de fitna et que la religion soit entièrement à Allah, seul. S'ils cessent, donc plus d'hostilités, sauf contre les injustes." (2:193)

□ Il n'y a pas de contrainte à l'islamisation (2:256), le terme  اكراه [ikrāh] a le sens de dégoût, de mépris. Il faut comprendre que personne ne sera forcée d'accepter l'islam à contre-coeur.  

□ C'est-à-dire, combattez les mecquois sans relâche à chaque fois qu'ils veulent empêcher les fidèles de pratiquer librement la religion de vérité, et semer la fitna, c'est-à-dire les guerres.

93. "Si ton Seigneur l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ?" (10:99) & "Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés." (9:29)

□ Pas de contrainte à se convertir à l'islam. Les pires parmi les résidents de l'enfer sont ceux qui s'affichent croyants sans croire vraiment (4:145).

□ Le verset en question concerne les Ghassanides, une tribu arabe christianisée ayant assisté les polythéistes mecquois dans l'assiègement de Yathrib, pour éradiquer les fidèles et leurs croyances hérétiques, ou les contraindre à changer de religion.

94. "Qu’ont-ils à ne pas croire ?" (84:20) & "Il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission d’Allah" (10:100)

□ On ne peut vouloir que si Allah le veut. Mais Allah ne rend pas croyant contre la volonté des gens, il incombe également aux individus d'accepter son appel.

□Le second verset concerne les personnes ayant été damnées à cause de leurs calomnies (30:58-9) et que l'on chercherait à raisonner. 

95. "Je n'ai créé les hommes et les djinns que pour qu'ils m'adorent." (51:56) & "Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru." (10:99)

□ Si ce n'est que [ما ...  ان لا] pour qu'ils me soient asservis [لِيَعْبُدُونِ], voir (11:118-9). Autrement tout serait interdit aux individus sinon l'acte d'adoration. 

96. Allah a interdit de faire le mal : « les turpitudes », « le péché », « l’agression », etc. (7:33) & "... et Nous la détruisons entièrement." (17:16)

□ Les cités appelées à la justice et ne respectant pas les règles de bienséance, vivant dans le péché, les turpitudes et l'agression.

97.  "Tu ne trouveras jamais de changement à la règle d’Allah." (48:23) & "Si Nous abrogeons (retirons et changeons) un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas qu’ Allah a pouvoir sur toute chose ?" (2:106)

 "Et si ceux qui ont mécru vous combattent, ils se détourneront, certes; puis ils ne trouveront ni allié ni secoureur. Telle est la règle d'Allah appliquée aux générations passées. Et tu ne trouveras jamais de changement à la règle d'Allah." (48:22-3)

98. Un homme décède, laissant derrière lui : sa mère, sa femme et ses deux sœurs, puis ils reçoivent 1/3 pour sa mère (4:11), 1/4 pour son épouse, (4:12), et 2/3 pour ses deux sœurs (4:176), ce qui fait (15/12). Il y a un surplus absent ?

□ Il faut équilibrer l'équation. 

□ Exemple :
Deux soeurs, 1/3 de 10.000 € × 12/15 = 2.666,6 €
Épouse, 1/4 de 10.000 € × 12/15 = 2.000 €
Deux soeurs, 2/3 de 10.000 € × 12/15 = 5.333,3 €

Bilan : 2.666,6 + 2.000 + 5.333.3 = 9.999,9 €

99. Y a-t-il des parts de droits de successions déterminées (4:2-12;19;33;176),  ou faut-il rédiger un testament (5:106-8) ?

□ Les parts revenant aux proches sont réglementées, mais les individus ont la possibilité de léguer jusqu'à 1/3 de leurs biens post mortem.

100. Selon (4:82), le Coran ne contient pas de contradiction, pourtant il rapporte des croyances contradictoires comme l'hénotheisme chez les égyptien. Alors, il contient une contradiction ? 

□ Mais le Coran dit aussi (51:8) : "Vous divergez sur ce que vous dites." Donc, ce verset rétablit l'ordre.


Nous pourrions continuer ainsi, mais nous avons compris qu'à chaque fois, la remise en contexte et l'analyse montre qu'il est insensé de chercher des erreurs dans le Coran, et encore plus sur base de traductions de vulgarisation...


F. La question des versets dits abrogés :

(2:106) : "Si Nous réécrivons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas que Dieu est Omnipotent ?"


Certains versets dits abrogés ou abrogeants pouraient-ils constituer des contradictions internes du Coran ? Nous pouvons nous demander si Dieu omnipotent et omniscient devrait avoir à changer ses commandements, et s'il existe des cas où il nous serait impossible de nous fixer sur quel verset remplacerait tel autre.


F-1. Notion de nasx (نسخ) :

Quelle est la signification du mot النسخ [al-nasx] ? Son etymologie ? Dans quel sens le verset (2:106) en fait usage ? 

La racine نسخ [n-s-x] signale l'idée d'effacer, gratter un texte dans le but de le réécrire. C'était un usage largement répandu jusqu'à l'invention du papier, car les papyri étaient rares et précieux. Le mot a été employé au fil du temps, vers le VIIIeS, pour désigner un type d'écriture primitive particulier des caractères arabes.

L'emploi du mot dans le Coran est, comme pour la racine كتب [k-t-b] abstrait. Il signifie l'idée de réécriture, de copies etc. 

Plus particulièrement, pour le Coran, il était question de reformulation stylistique de passages de sourates, sans nécessairement annuler une règle instituée ou la remplacer.

Même si de fait, les lois changent au gré du temps. Par exemple les enfants d'Adam se sont mariés entre frères et soeurs, alors que Moïse a interdit cela (Lévitique, 18/9, 20/17; Deutéronome, 27/22). Or, nul n'aurait l'idée de  soutenir que cela est permis, arguant que du temps des enfants d'Adam, Dieu l'avait voulu ainsi. De même, seule une partie arrachée a une bête était interdite à manger du temps de Noé (Genèse, 9:2-5), or Moïse a apporté une série d'interdictions alimentaires nouvelles (Lévitique, 11; Deutéronome, 14:3-8). Le contexte, les moyens et cetera font que changer de règles est parfois une impérative. De même, la loi de Moïse concernait uniquement les enfants d'Israël (Mc,5:17) & (Cor. 61:6).


F-2. Les variantes :

Ce qui est parfois présenté comme des cas d'abrogations consiste tantôt en des cas de figures distinctes, tantôt en des dérogations ou précisions (cf. E-2 : 8/23/99). Au final, il n'y a pas d'exemple d'ambiguïté touchant les versets pouvant être soutenus ou non comme abrogeant ou abrogé.

Il est question, au verset supra, des fameuses variantes qui allaient être détruites au moment où le Coran allait être compilé par écrit, et dont des exemplaires ont été identifiés par des chercheurs [7],[8] confirmant par la même occasion ce verset. Tabarī rapporte d'après Mujāhid que ce passage signifie : "Si nous faisons oublier un passage, nous en envoyons un semblable ou un meilleur" [6]. En effet, des variantes selon Ubay ibn Ka'b, Ibn Mas'ūd et Ali ibn abū Tālib ont été identifiés dans le palimpseste Sana'a I [9]

Il est aisé de concevoir que le Prophète oublie un verset, et qu'un autre (pareil ou plus beau) soit édicté. Vu que certains ont pu retenir l'une ou l'autre de ces versions, la multiplication de variantes authentiques en devenant inévitable. C'est pour cette raison que c'est la version majoritaire qui sera retenue lors de la compilation sous Uthmān ibn Affān. Même si il n'y a pas de différence en sens susceptible de prêter à confusion entre ces variantes.


F-3. Cas soutenus d'abrogation :

Citons quelques exemples, pour terminer. 

1. (6,65) : "يَٓا اَيُّهَا النَّبِيُّ حَرِّضِ الْمُؤْمِنٖينَ عَلَى الْقِتَالِؕ اِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ عِشْرُونَ صَابِرُونَ يَغْلِبُوا مِائَتَيْنِۚ وَاِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ مِائَةٌ يَغْلِبُٓوا اَلْفاً مِنَ الَّذٖينَ كَفَرُوا بِاَنَّهُمْ قَوْمٌ لَا يَفْقَهُونَ" 

"Ô Prophète, incite les croyants au combat. S'il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vainquent deux cents; et s'il s'en trouve cent, ils vainquent mille, parmi les incroyants car ce sont vraiment des gens qui ne comprennent pas."

(6,66) : "اَلْـٰٔنَ خَفَّفَ اللّٰهُ عَنْكُمْ وَعَلِمَ اَنَّ فٖيكُمْ ضَعْفاًؕ فَاِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ مِائَةٌ صَابِرَةٌ يَغْلِبُوا مِائَتَيْنِۚ وَاِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ اَلْفٌ يَغْلِبُٓوا اَلْفَيْنِ بِاِذْنِ اللّٰهِؕ وَاللّٰهُ مَعَ الصَّابِرٖينَ"

"En ce moment, Allah allège votre tâche, sachant qu'il y a de la faiblesse en vous. S'il y a cent endurants parmi vous, ils en vainquent deux cents; et s'il y en a mille, ils en vainquent deux mille, par la grâce d'Allah. Et Allah est avec les endurants."

□Le premier verset mentionne le potentiel, le second évalue une situation ponctuelle d'un moment donné. Nous comprenons donc : "Vous pouvez dominer une troupe dix fois plus nombreuse. Même en ce moment où vous vous trouvez affaiblis, vous pouvez dominer une troupe deux fois plus nombreuse".

□ Un individu peut avoir la capacité de courir cinq heures, mais il peut toutefois se trouver dans un mauvais jour à un moment donné et ne pouvoir tenir que deux heures. La conquête de la Mecque par les disciples du Prophète quelques années plus tard a confirmé le premier verset, ceux-ci ont pris le contrôle de la Mecque alors qu'ils étaient dix fois moins nombreux que sa population.


2. (2,234) : "وَالَّذ۪ينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنْكُمْ وَيَذَرُونَ اَزْوَاجًا يَتَرَبَّصْنَ بِاَنْفُسِهِنَّ اَرْبَعَةَ اَشْهُرٍ وَعَشْرًاۚ فَاِذَا بَلَغْنَ اَجَلَهُنَّ فَلَا جُنَاحَ عَلَيْكُمْ ف۪يمَا فَعَلْنَ ف۪ٓي اَنْفُسِهِنَّ بِالْمَعْرُوفِۜ وَاللّٰهُ بِمَا تَعْمَلُونَ خَب۪يرٌ"

"Ceux des vôtres que la mort frappe et qui laissent des épouses: celles-ci doivent observer une période d'attente de quatre mois et dix jours. Passé ce délai, on ne vous reprochera pas la façon dont elles disposeront d'elles-mêmes d'une manière convenable. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites."

(2,240) : "وَالَّذ۪ينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنْكُمْ وَيَذَرُونَ اَزْوَاجًاۚ وَصِيَّةً لِاَزْوَاجِهِمْ مَتَاعًا اِلَى الْحَوْلِ غَيْرَ اِخْرَاجٍۚ فَاِنْ خَرَجْنَ فَلَا جُنَاحَ عَلَيْكُمْ ف۪ي مَا فَعَلْنَ ف۪ٓي اَنْفُسِهِنَّ مِنْ مَعْرُوفٍۜ وَاللّٰهُ عَز۪يزٌ حَك۪يمٌ"

"Ceux d'entre vous que la mort frappe et qui laissent des épouses, doivent laisser un testament en faveur de leurs épouses pourvoyant à un an d'entretien sans les expulser de chez elles. Si ce sont elles qui partent, alors on ne vous reprochera pas ce qu'elles font de convenable pour elles-mêmes. Allah est Puissant et Sage."

□ Le premier verset concerne les femmes, qui doivent faire un deuil légal quatre mois et dix jours au décès de leurs conjoints : ceci est toujours d'application. 

□Le second verset concerne leurs maris devant leur garantir jusqu'à un an de pension alimentaire et d'entretien selon leurs moyens.

□ Dans les deux cas, les femmes sont libres, de se remarier après quatre mois et dix jours, où de refuser la pension alimentaire à tout moment.


3. (2,180) : "كُتِبَ عَلَيْكُمْ اِذَا حَضَرَ اَحَدَكُمُ الْمَوْتُ اِنْ تَرَكَ خَيْرًاۚ اَلْوَصِيَّةُ لِلْوَالِدَيْنِ وَالْاَقْرَب۪ينَ بِالْمَعْرُوفِۚ حَقًّا عَلَى الْمُتَّق۪ينَۜ"

"On vous a prescrit, quand la mort est proche de l'un de vous et s'il lègue des biens, de faire un testament en règle en faveur de ses père et mère et de ses plus proches. C'est un devoir pour les pieux."

□ Celui qui rédige un testament doit donner la priorité à ses proches. Il peut céder jusqu'à maximum 1/3 à autre chose, sans léser ses successeurs.

□ "اِنْ تَرَكَ" [in taraka], c'est-à-dire "si ils lèguent" ici "اِنْ" est un si de possibilité.


4. (58,12) : "يَٓا اَيُّهَا الَّذ۪ينَ اٰمَنُٓوا اِذَا نَاجَيْتُمُ الرَّسُولَ فَقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيْ نَجْوٰيكُمْ صَدَقَةًۜ ذٰلِكَ خَيْرٌ لَكُمْ وَاَطْهَرُۜ فَاِنْ لَمْ تَجِدُوا فَاِنَّ اللّٰهَ غَفُورٌ رَح۪يمٌ"  

"Ô vous qui avez cru ! Quand vous avez un entretien confidentiel avec le Messager, faites précéder d'une aumône votre entretien: cela est meilleur pour vous et plus pur. Mais si vous n'en trouvez pas les moyens alors Allah est Pardonneur et très Miséricordieux !" 

(58:13) : "ءَاَشْفَقْتُمْ اَنْ تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيْ نَجْوٰيكُمْ صَدَقَاتٍۜ فَاِذْ لَمْ تَفْعَلُوا وَتَابَ اللّٰهُ عَلَيْكُمْ فَاَق۪يمُ الصَّلٰوةَ وَاٰتُوا الزَّكٰوةَ وَاَط۪يعُوا اللّٰهَ وَرَسُولَهُۜ وَاللّٰهُ خَب۪يرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ۟"

"Appréhendez-vous de faire précéder d'aumônes votre entretien ? Mais, si vous ne l'avez pas fait et qu'Allah a accueilli votre repentir, alors accomplissez la Salat, acquittez la Zakat, et obéissez à Allah et à Son messager. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites."

□ Ceci est recommandé pour celui qui en a le moyen, mais pas une condition.


5. (33,50-1) : "يَٓا اَيُّهَا النَّبِيُّ اِنَّٓا اَحْلَلْنَا لَكَ اَزْوَاجَكَ الّٰت۪ٓي اٰتَيْتَ اُجُورَهُنَّ وَمَا مَلَكَتْ يَم۪ينُكَ مِمَّٓا اَفَٓاءَ اللّٰهُ عَلَيْكَ وَبَنَاتِ عَمِّكَ وَبَنَاتِ عَمَّاتِكَ وَبَنَاتِ خَالِكَ وَبَنَاتِ خَالَاتِكَ الّٰت۪ي هَاجَرْنَ مَعَكَۘ وَامْرَاَةً مُؤْمِنَةً اِنْ وَهَبَتْ نَفْسَهَا لِلنَّبِيِّ اِنْ اَرَادَ النَّبِيُّ اَنْ يَسْتَنْكِحَهَاۗ خَالِصَةً لَكَ مِنْ دُونِ الْمُؤْمِن۪ينَۜ قَدْ عَلِمْنَا مَا فَرَضْنَا عَلَيْهِمْ ف۪ٓي اَزْوَاجِهِمْ وَمَا مَلَكَتْ اَيْمَانُهُمْ لِكَيْلَا يَكُونَ عَلَيْكَ حَرَجٌۜ وَكَانَ اللّٰهُ غَفُورًا رَح۪يمًا تُرْج۪ي مَنْ تَشَٓاءُ مِنْهُنَّ وَتُـْٔو۪ٓي اِلَيْكَ مَنْ تَشَٓاءُۜ وَمَنِ ابْتَغَيْتَ مِمَّنْ عَزَلْتَ فَلَا جُنَاحَ عَلَيْكَۜ ذٰلِكَ اَدْنٰٓى اَنْ تَقَرَّ اَعْيُنُهُنَّ وَلَا يَحْزَنَّ وَيَرْضَيْنَ بِمَٓا اٰتَيْتَهُنَّ كُلُّهُنَّۜ وَاللّٰهُ يَعْلَمُ مَا ف۪ي قُلُوبِكُمْۜ وَكَانَ اللّٰهُ عَل۪يمًا حَل۪يمًا" 

"Ô Prophète ! Nous t'avons rendu licites tes épouses à qui tu as donné leur mahr (dot), ce que tu as possédé légalement parmi les captives [ou esclaves] qu'Allah t'a destinées, les filles de ton oncle paternel, les filles de tes tantes paternelles, les filles de ton oncle maternel, et les filles de tes tantes maternelles, -celles qui avaient émigré en ta compagnie -, ainsi que toute femme croyante si elle fait don de sa personne au Prophète, pourvu que le Prophète consente à se marier avec elle: c'est là un privilège pour toi, à l'exclusion des autres croyants. Nous savons certes, ce que Nous leur avons imposé au sujet de leurs épouses et des esclaves qu'ils possèdent, afin qu'il n'y eût donc point de blâme contre toi. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. Tu fais attendre celle que tu veux d'entre elles, et rejoints celle que tu veux. Il ne t'est fait aucun grief si tu te rends chez l'une de celles que tu avais négligées. Voilà ce qui est le plus propice à les réjouir, à leur éviter tout chagrin et à leur faire accepter de bon cœur ce que tu leur as accordé à toutes. Allah sait, cependant, ce qui est en vos cœurs. Et Allah est Omniscient et Indulgent."

(33,52) : "لَا يَحِلُّ لَكَ النِّسَٓاءُ مِنْ بَعْدُ وَلَٓا اَنْ تَبَدَّلَ بِهِنَّ مِنْ اَزْوَاجٍ وَلَوْ اَعْجَبَكَ حُسْنُهُنَّ اِلَّا مَا مَلَكَتْ يَم۪ينُكَۜ وَكَانَ اللّٰهُ عَلٰى كُلِّ شَيْءٍ رَق۪يبًا۟"

"Il ne t'est plus permis désormais de prendre [d'autres] femmes, ni de changer d'épouses, même si leur beauté te plaît; -à l'exception des esclaves que tu possèdes. Et Allah observe toute chose."

□ Le premier verset consiste en une dérogation, à l'adresse du Prophète, ayant un statut particulier en tant que chef des fidèlesLes mariages des chefs renforçant par la même occasion les liens tribaux, retenant la main des clans hostiles liées par les mélanges de leurs clans. 

□Le verset 52 met un terme à cette dérogation, lui donnant fin quelques années avant la fin des hostilités. Il s'agit d'un détail précis de l'histoire, touchant uniquement le Prophète. Et il n'y a pas d'ambiguïté sur l'issue finale pour aucun des cas, ce qui est notre objet d'étude dans le présent article.


G. Conclusions :

L'impression de déceler d'éventuelles contradictions dans le Coran découle de la lecture fragmentaire du livre, et surtout du manque de méthode et de maîtrise. En fait, la confrontation entre les versets est un procédé d'exégèse permettant de se fixer sur le sens des versets. C'est là une façon de mieux appréhender le Coran dans son entièreté. L'analyse distributionelle des significations et des champs sémantiques est une méthode qui permet de se fixer sur le sens contextuel visé des mots employés dans les langues sémitiques où la polysémie est omniprésente.

Le verset, (Cor. 4:82) : "Ne méditent-ils donc pas au sujet du Coran ? S'il venait d'un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions.", implique que le Coran doit être lu de façon homogène. Nous avons vu que l'idée largement répandue qu'il y aurait des versets inactifs, abrogés dans le Coran est erronée. Plus encore, l'apparence décousue du Coran s'est avérée également être dûe à l'oubli d'un système d'organisation structurelle typiquement sémite désormais tombé en désuétude [9]. Puisque les thèmes abordés au fil des sourates apparaissent être organisés suivant un jeu de symétries (parallèles, concentriques, spéculaires ou chiasmes). Chaque partie suit ce type d'organisation en regard de toutes les autres, le tout étant organisé de façon imbriqué et interconnecté en poupées russes, cette structure concentrique allant, jusqu'à plus de douze niveaux enchevêtrement au sein de certaines sourates. Les sourates elles-mêmes s'organisent entre-elles suivant des plans d'organisation thématiques soeurs. Le Coran est donc un ouvrage d'une extrême sophistication, permettant de donner aux mots employés différents niveaux de sens de façon complexe et consistante.

La diffusion rapide du Coran à semble-t-il induit des lectures simplistes du texte. L'absence de dictionnaire, et même d'ouvrage de grammaire codifiant la langue arabe durant un siècle-et-demi [11], ainsi que la dérive sémantique induite au contact de populations non arabes, a conduit à s'éloigner graduellement de l'arabe du Coran. 

Ainsi, au contraire de fragiliser le Coran, l'analyse méticuleuse des présumées contradictions renforce celui-ci, et permet d'acquérir une meilleure compréhension de son message. 









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[1] A. Chafīk el-Khatīb, "الموصلت المطبخية وتطبيقها في اللغات العربيه (اللغات العربيه و تحديات القرن ال هادي والءشرىن)", ed. el-Munaddametu’l-ʔˤrabiyyah li’t-Tarbiyah wa’s-θaqāfe wa’l-ʔUlûm. Tunis, 1996, p. 18.

[2] Maurice Glotton, Approche du Coran par la Grammaire et le Lexique. Édition al Bouraq, (2012). ISBN: 9782841611713

[3] Même les dictionnaires sont construits sur des exemples d'usages, afin de laisser deviner ce qu'on est censé comprendre d'un mots en particulier.

[4] دحو [dħw], cf  Qāmūs al Muħī 

[5] "The Sixteenth Data Release of the Sloan Digital Sky Surveys: First Release from the APOGEE-2 Southern Survey and Full Release of eBOSS Spectra" ; DOI:10.3847/1538-4365/ab929eCite as:arXiv 1912.02905 [astro-ph.GA] (or arXiv:1912.02905v2 [astro-ph.GA] for this version) [Submitted on 5 Dec 2019 (v1), last revised 11 May 2020 (this version, v2)] Romina Ahumada, Carlos Allende Prieto, Andres Almeida, Friedrich Anders, Scott F. Anderson, Brett H. Andrews, Borja Anguiano, Riccardo Arcodia, Eric Armengaud, Marie Aubert, Santiago Avila, Vladimir Avila-Reese, Carles Badenes, Christophe Balland, Kat Barger, Jorge K. Barrera-Ballesteros, Sarbani Basu, Julian Bautista, Rachael L. Beaton, Timothy C. Beers, B. Izamar T. Benavides, Chad F. Bender, Mariangela Bernardi, Matthew Bershady, Florian Beutler, Christian Moni Bidin, Jonathan Bird, Dmitry Bizyaev, Guillermo A. Blanc, Michael R. Blanton, Mederic Boquien, Jura Borissova, Jo Bovy, W.N. Brandt, Jonathan Brinkmann, Joel R. Brownstein, Kevin Bundy, Martin Bureau, Adam Burgasser, Etienne Burtin, Mariana Cano-Diaz, Raffaella Capasso, Michele Cappellari, Ricardo Carrera, Solene Chabanier, William Chaplin, Michael Chapman, Brian Cherinka, Cristina Chiappini, Peter Doohyun Choi, S. Drew Chojnowski, Haeun Chung, Nicolas Clerc, Damien Coffey, Julia M. Comerford, Johan Comparat, Luiz da Costa, Marie-Claude Cousinou, Kevin Covey, Jeffrey D. Crane, Katia Cunha, Gabriele da Silva Ilha, Yu Sophia Dai, Sanna B. Damsted, Jeremy Darling, James W. Davidson Jr., Roger Davies, Kyle Dawson, Nikhil De, Axel de la Macorra, Nathan De Lee, Anna Barbara de Andrade Queiroz, Alice Deconto Machado, Sylvain de la Torre, Flavia Dell'Agli, Helion du Mas des Bourboux, Aleksandar M. Diamond-Stanic, Sean Dillon, John Donor, Niv Drory, Chris Duckworth, Tom Dwelly, Garrett Ebelke, Sarah Eftekharzadeh, Arthur Davis Eigenbrot, Yvonne P. Elsworth, Mike Eracleous, Ghazaleh Erfanianfar, Stephanie Escoffier, Xiaohui Fan, Emily Farr, Jose G. Fernandez-Trincado, Diane Feuillet, Alexis Finoguenov, Patricia Fofie, Amelia Fraser-McKelvie, Peter M. Frinchaboy, Sebastien Fromenteau, Hai Fu, Lluis Galbany et al. (214 additional authors not shown)

[6] M. ibn Jarīr at-Tabarī, "جامع البيان عن تأويل آي القرآن".

[7] R. G. Hamdoun, "المخطوطات القرآنية في صنعاء منذ القرن الأول الهجري وحفظ القرآن الكريم بالسطور", Master’s Thesis 2004 (non publiée), Al-Yemenia University.

[8] Puin, Elisabeth (2009). "Ein früher Koranpalimpsest aus Ṣanʿāʾ - II. [An early Quran palimpsest from Sana'a - II. "]. In Markus Groß, Karl-Heinz Ohlig. Vom Koran zum Islam [Du Coran à l'Islam]. Schriften zur frühen Islamgeschichte und zum Koran (en allemand) 4 (1re éd.). Berlin: Verlag Hans Schiler. p. 523–581. (ISBN 978-3-89930-269-1). LCCN 2010359348. OCLC 496960079.

[9] Sadeghi, B., Goudarzi, M., Ṣan“ā” 1 and the Origins of the Qur’ān, Der Islam, 87, 2012, p.1–129. 

[19] Michel Cuypers, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, 453 p., Collection « Rhétorique sémitique » n° 3. Paris : Lethielleux. 2007

[11] Al-Khalil ibn Ahmad al-Farahidi, Kitab al-'Ayn (كتاب العين‎), VIIIeS est le plus ancien ouvrage traitant de la langue arabe.